Désormais débarrassé de toutes ses obscures hordes, telle que Infernal Vengeance, qui l’occupaient depuis un moment et qui ne lui convenaient pas tant que cela, Karl Beckmann s'est enfin décidé à renouer avec ses racines nordiques et vikings qu’il avait un peu enterrées avec la mise en bière de Mithotyn en 1999. Pour cela, il a fait appel à son ancien compère dans ce dernier, le batteur Karsten Larssen pour donner vie à un nouveau guerrier, King Of Asgard, complété par l’ancien bassiste de Thy Primordial.
Une démo - Prince Of Märings - plus tard, les voilà prêts à mettre leur drakkar à la mer. Le voyage à travers les vastes fjords séculaires se nomme Fi’mbulvintr et concentre onze morceaux de bravoure, coincés entre une intro dispensable et une outro éponyme, quant à elle assez belle, instrumental lancinant et majestueux tout en progression faisant son petit effet.
Qu’attendre de cette poignée de mercenaires si ce n’est puissance épique, efficacité éprouvée et sens de la mélodie tranchante ? Sans surprise, cette première épopée irriguée par des riffs nerveux omniprésents ayant pour combustible le pur Heavy Metal ("Einhärjar"), propulsée par une production aux petits oignons due au spécialiste Andy Laroque, galope sur les terres rocailleuses d’un Viking Metal à la suédoise, véloce et donc plus porté sur les cavalcades guerrières et abruptes que sur les ambiances.
Si les premières, moulinées avec largesse, réussissent bien au trio, citons les enivrants et rapides "The Last Journey", qu’ouvre une voix féminine envoûtante que l'on aurait aimé entendre davantage, "Brethren Of The North", ou bien "Wrath Of The Gods". Il y a aussi ce "Heroes’s Brigade", introduit par des notes de guitares boisées avant de s’abîmer au fond de la mer Baltique avec ses atours pesants. Guidé par un tempo lourd et rampant, "Day Of Sorrow" confirme que les compos plus nuancées lui siéent tout autant. On pense alors à un croisement entre Amon Amarth et les derniers Aeturnus. Dommage que les Suédois ne privilégient pas plus ce type d’écriture qui lui aurait permis de briser une linéarité qui empêche Fi'mbulvitr d'être l'aventure que son très bel artwork annonçait.
Ne boudons toutefois pas notre plaisir face cet album très bien fait, agréable à défaut d’être essentiel, d’une fougue (trop) millimétrée et vierge à la fois de folie et de cette sévérité granitique que seuls les vikings norvégiens paraissent détenir. Digne héritier du Bathory dernière période, King Of Asgard honore son cahier des charges avec une maîtrise que l’on ne saurait lui contester, mais le Valhalla est encore loin…