Cela faisait un petit moment que cela lui démangeait les cordes et les baguettes à Navene Kopperweis, de mener à terme son propre projet musical. Plus exactement, cela fait depuis 2003 que Navene y pensait. Et il aura fallu que son groupe Animosity mette fin à sa carrière pour que le batteur américain s'attèle sérieusement à la conception du premier album de Fleshwrought. Batteur avant-tout, Navene Kapperweis est un aussi multi-instrumentiste talentueux comme le confirme ce premier album "Dementia/Dyslexia", où le bonhomme a assuré lui-même tous les instruments et les bidouillages sonores. Seul le chant a été confié à son ami Jonny Davy, chanteur de Job For A Cowboy.
"Dementia/Dyslexia", c'est un deathcore technique dont les polyrythmies l'inscrivent dans une certaine mouvance du métalcore américain. Bien que plus brutal, Fleshwrought est musicalement assez proche de groupes comme Born Of Osiris, Veil The Maya ou The Faceless. D'ailleurs, Navene a participé brièvement à l'album "Adama" de The Faceless. De fait, Fleshwrought c'est une sorte de résumé de la carrière de Navene. Ce n'est rien moins qu'une combinaison musicale. Un mélange d'Animosity pour la brutalité, d'Animals As Leaders pour le côté progressif et fusionnellement jazzy, et de The Faceless pour le côté débridé et presque expérimental de sa musique.
"Dementia/Dyslexia" est un album plutôt brutal où Navene étale tous ses talents de multi-instrumentiste. L'album dépote sévère avec un jeu de batterie endiablé. Et question cordes c'est une démonstration où la vitesse d'exécution se conjugue à la technicité, laquelle, sur la longueur, s'avère justement peut-être un peu trop démonstrative. Mais peu importe, pour peu qu'on ne soit pas réfractaire au genre, à force d'écoutes, il est impossible de ne pas se laisser transporter dans cet univers multicolore. Navene sait édulcorer ses compositions d'effets sonores assez bienvenus comme la fin technoïde et psychédélique de "Weeping Hallucinations". Quant à l'apparition furtive de cuivres sur "Inner Thoughts", elle lui confère un petit côté jazz-fusion fort agréable. Côté que l'on retrouve d'ailleurs un peu partout sur cet album, parsemé de-ci, de-là, quand il n'est pas sans évoquer tout simplement rien d'autre que cela ("Dyslexic Interlude").
"Dementia/Dyslexia" est un album court avec à peine plus de 30 minutes au compteur et c'est tant mieux. Riche de sonorités voici un opus à la densité mesurée qui ne s'appréhende pas en une seule écoute. Il faut persévérer pour s'accaparer cette musique qui, de prime abord, peut paraître un peu linéaire. Alors, qu'en fait, c'est tout le contraire. A côté de titres, certes un peu trop conventionnels, comme "State Of Desolation" ou "Relevant Intoxication", cet album contient des petits brûlots à écouter en priorité :"Mental Illness", "Inner Thoughts", " Weeping Hallucinations" et "Final Nausea". Voici un premier album qui tient à la fois toutes ses promesses et promet pour l'avenir.