Les goûts et les couleurs se discutent, et heureusement. Il n’est pas rare qu’en recevant un nouvel album, les chroniqueurs échangent leurs impressions entre eux, ou qu’ils aillent lire une ou deux chroniques déjà parues afin de confirmer ou pondérer les impressions qu’ils ont pu mettre sur papier. Au moment où cette chronique fut achevée, c’est comme à l’accoutumée ce que j’ai fait, mais cette fois-ci le fossé était trop grand. Car oui, ne vous y trompez pas amis lecteurs : cet album est à inscrire au Panthéon des plus mauvais albums du Power Métal.
Reprenons l’histoire à son origine : Seven Kingdoms nous arrive de Floride et sévit depuis 2007 dans un style souvent mésestimé et pouvant pourtant receler de grandes pièces: le Power. Après un album leur aillant entrouvert les portes du marché américain, les voila passé par-delà les mers pour nous livrer leur nouvel opus. En cours de route s’est noyé ou a judicieusement fui le chanteur pour être remplacé par une chanteuse, la charmante et plantureuse autant qu’ennuyeuse Sabrina Valentine. Voici pour la forme, passons au fond.
Et au fond nous y sommes vite, trop vite, pour ne plus en décoller pendant de très longues minutes. Nous attaquons même notre parcours du combattant par la cave avec un instrumental synthétisé baptisé "Prélude" qui donnerait à n’importe quel joueur de maracas le sentiment d’être pianiste de concert. Une première purge insupportable à peine digne d’un thème de jeu vidéo Game Boy : le début du cauchemar.
"Somewhere Far Away" s’élance alors, et on a rarement trouvé titre plus à propos tant nous aimerions à cet instant précis être quelque part très très loin de ce morceau. Et c’est parti pour une soupe que le groupe va nous décliner à l’infini : rythmique poum-tchak-poum-tchak en polystyrène, riffs plats et creux, soli désespérément vides, lignes de chants platissimes, refrain mou du genou, production générale en toc ne donnant aucun relief et encore moins l’énergie salvatrice pour de nombreux groupes moyens… une catastrophe ! Et hop, une fois fini, voici que débarque "The Ones Who Breath The Flame" pour enfoncer le clou de la médiocrité. Sublime du sublime, un chant growlé ridicule de vacuité vient gâcher l’infime plaisir que l’on prenait jusqu’alors à se concentrer sur la voix de Mlle Valentine. A tous ceux qui se demandaient ce que l’on peut faire quand on est à terre, Seven Kingdoms démontre que l’on peut sortir une pelle et faire son trou !
Est-vraiment utile de vous dépeindre le tableau trait par trait ? Aurons-nous à mentionner ce "Open The Gates" et ses chœurs qui font plouf, ce "Vengeance By The Songs Of A King" et sa mélodie linéaire qui fait splash, ce "Wolf In Sheeps Clothes" et sa pop qui fait badaboum ? Dirons-nous du piano voix de "A Murder Never Dead" qu’il est à cet exercice ce que Jean-Pierre François est à la chanson à texte, de l’épique "Seven Kingdoms" qu’il est épique comme la découverte d’un arbre dans une forêt ? S’il le faut, nous le dirons, car après tout nous devons au lecteur une ébauche au moins de la réalité : la voilà !
Que dire pour conclure ? Qu’il va vous falloir vous jeter sur quelques albums de Helloween ou autres Edguy pour laver l’affront fait au genre Power à travers cette sortie. Ce genre qui nous est si cher et nous donne seul l’occasion de courir nu en poussant des hurlements de bête au milieu des verts pâturages ! Que l’on me rende mes peaux de buffle, mon gourdin en granit, et par Thor, Odin et la longueur de mes cheveux : que l’on bannisse Seven Kingdoms de ses sept royaumes et de notre univers musical ! Morbleu !