Après un "The Razors Edge" qui avait confirmé son retour au plus haut niveau, AC/DC a battu le fer avec un live sobrement intitulé "Live". Et voici la suite des aventures du diablotin à la Gibson SG cornue et de sa bande, avec ce "Ballbreaker" dont la genèse fut loin de ressembler à un long fleuve tranquille. En effet, après avoir jeté son dévolu sur le producteur Rick Rubin, le quintet préféra s'en séparer, mécontent de son investissement sur deux titres. Les frères Young reprirent donc les choses en main avant de se rendre compte qu'ils n'arrivaient pas à un meilleur résultat et de faire à nouveau appel à un Rubin pas rancunier. Entre temps, Phil Rudd reprenait sa place derrière les fûts en lieu et place de Chris Slade. Si de tels évènements auraient déstabilisé la plupart des groupes, il n'en est rien pour AC/DC qui nous offre ce qui est probablement son meilleur album depuis "Back In Black".
Terminées les aventures métalliques pourtant réussies de "The Razors Edge" et retour à un son plus organique et plus Rock. Les frères Young puisent la base de leur inspiration dans le blues, et ce dernier fait un retour tonitruant sur ce "Ballbreaker", pas seulement au travers des guitares plus seches, mais également dans des riffs puissants et ténébreux ("The Furor"), ou carrément avec un gros blues au solo gorgé de feeling ("Boogie Man"). Il est d'ailleurs à signaler que Brian Johnson a préféré abandonner l'écriture des paroles aux frères Young car il avait l'impression de toujours raconter la même chose. En même temps, les thèmes abordés chez AC/DC tournent toujours autour des mêmes sujets, filles, belles voitures, alcool et rock'n'roll !
"Ballbreaker" est ainsi un feu d'artifice de riffs tous plus imparables les uns que les autres, de l'inoubliable "Hard As A Rock" au cinglant et endiablé "Ballbreaker", en passant par l'obsédant "The Honey Roll", l'envoûtant "Burnin' Alive", l'hymnique "Hail Cesar", le réjouissant "Love Bomb", le rageur "Caught With Your Pants Down" ou le râpeux "Whiskey On The Rock". Angus est en pleine forme, Brian varie son chant, sachant se faire vicieux ("Boogie Man"), coléreux ("The Furor") ou taquin ("Hail Caesar"), alors que Malcom est plus teigneux que jamais, et la section rythmique se retrouve propulsée par le jeu d'un Phil Rudd qui prouve qu'AC/DC n'est pas vraiment le même sans lui.
Le gang des frères Young réussit donc l'exploit de se maintenir sur les sommets tout en se replongeant dans son passé et dans ses éléments qui ont fait de lui un combo irrésistible à la fin des 70's. "Ballbreaker" est le premier album de l'époque Brian Johnson réalisé avec les éléments de la période Bon Scott et c'est une réussite. Rajoutez à cela un livret superbement illustré par différents artistes comics et qui donne un cachet rarement proposé par AC/DC, et vous obtenez un album tout simplement incontournable.