Si l’inusable Iron Maiden est attendu au tournant avec sa nouvelle offrande "The Final Frontier", l’autre inusable Blind Guardian l’est tout autant, à quelques semaines de décalage, avec le on ne peut plus bien nommé At The Edge Of Time. Si le combo allemand n’est pas (encore) une institution de l’envergure de la Vierge de Fer, il a aussi derrière lui une déjà bien belle carrière au service d’un Metal unique et racé. Et toujours comme Maiden, Blind Guardian nous offre en 2010 un album fort intéressant et très fouillé, révélant un amour de la musique et une envie nouvelle de progresser.
Si la bande à Steve Harris mélange le vieux et le nouveau au sein même d’un même titre, rendant l’ensemble plus cohérent au final, la bande à Kürsch fait varier les plaisirs d’un titre à l’autre, proposant une sorte de carte de visite des genres explorés en 20 années de carrière. Au point qu’on peut se demander au final, et c’est là le seul bémol, si l’objectif n’est pas d’embrasser le plus large panel de fan plutôt que de se faire vraiment plaisir. Nous vous laissons seuls juges.
Mais trêve de tergiversations et parlons concret ! Ne dérogeant pas à la règle, nos Allemands ont pris leur temps pour nous offrir un opus en tout point parfait, chaque titre ayant été repensé, peaufiné et sublimé dans un véritable travail d’orfèvre. Là où le groupe va de l’avant, c’est en de nouvelles contrées fortement visitées ces dernières années dans le genre, en s’essayant aux travaux symphoniques. Et force est d'avouer que le résultat est à la hauteur de la classe du groupe. A ce titre, les plages d’ouverture et de clôture sont réellement flamboyantes, car tout en gardant le côté traditionnel de Blind Guardian (ajoutant sur "Wheel Of Time" violons et mélodies orientales pour un côté tragique assuré), leur musique se voit élevée à un niveau supérieur par une orchestration parfaitement intégrée.
Les aspects les plus progressifs du groupe ressortent sur un "Valkyries" plutôt moyen même si fédérateur, et un "Control The Divine" bien plus convaincant dans lequel Hansi impressionne. "Tanelorn", un des meilleurs titres (et en écoute sur le lien), et "A Voice In The Dark", plus agressifs et directs, raviront les plus vieux fans en manque de gros riffs, chant rageur et haut perché et refrains imparables. Là, les soli sont énormes et mémorables, comme à la grande époque de "Nightfall In Middle Earth". Enfin, pour ceux qui font rimer Metal avec Le Seigneur Des Anneaux, il y a un "Road Of No Release" épique à souhait, très théâtral et aux nombreux changements (le passage des 3 minutes et énorme !). Quant à "Curse My Name", il s'agit d'une ballade que Blackmore’s Night n’aurait pas renié tant elle transpire l’instrumentation traditionnelle et les gentes mélodies.
Alors non ce n’est pas tout, mais ne gâchons pas la surprise avec un titre à titre. Voilà un nouveau Blind Guardian à acheter les yeux fermés et à écouter de nombreuses fois avant de se prononcer (pour surmonter ce côté compil’), sous risque de passer à côté d’une belle histoire. Tenez vous le pour dit ! Et si l’on en croit le groupe, ses musiciens n’ont pas fini de nous surprendre car ce n’est pas moins de trois albums qu’ils cherchent à nous offrir dans un avenir plus ou moins proche. Un premier 100% symphonique, un second reprenant les titres avec l'orchestre et le groupe, et le dernier dans lequel le groupe apparait seul ! Du jamais vu mais nous ne demandons qu’à entendre !