Ayant vu la nuit sur le sol russe, Drevo (transcription occidentale du patronyme écrit en cyrillique, tout comme le titre de l‘album et de ses morceaux), résume à lui seul à la fois l’hermétisme et la froideur souterraine d’une scène Black Metal russe qui reste encore totalement à découvrir. Là réside d’ailleurs un des miracles (il y en a tout de même) d’Internet, média facilitant la découverte d’obscurs groupuscules qui, sans cela, seraient toujours prisonniers derrière les frontières de l’ignorance.
One man band (quoi d’autre ?) forcément mystérieux, Drevo bricole un art noir électronique (comprendre avec beaucoup de synthés dedans) aux confins de la mouvance néo-classique et médiévale et du Burzum derrière les barreaux. On pense également à Ellfor ou à Summoning, en plus glacial, en beaucoup plus glacial même. Un cran au dessus cependant.
En effet, si, lorsqu’il se complait dans le tricotage de mailles Ambient et instrumentales, le solitaire de Novgorod se montrait plutôt inspiré sans pour autant surprendre mais parvenant ainsi à peindre des paysages drapés dans une couche de givre et beauté, à l’image de l’envoûtant « Sozidanie », et ce, malgré un son un peu maigrelet, en revanche, quand il se met à tremper ses pinceaux (dont une boîte à rythme énervante) dans les couleurs du pur Black Metal, alors le résultat se révèle nettement moins agréable aux oreilles. Les abominables « Volja Volinca » et « Rassvet » illustrent bien malgré eux cet écueil qu’expliquent notamment des vocaux hurlés inaudibles mais dans le mauvais sens du terme. Dans ce registre, seule surnage - à peu près - la reprise de Carpathian Forest, « The Northern Hemisphere ».
Dommage que Drevo n’ait pas fait le choix de privilégier ses penchants les plus électroniques car cela aurait permis à Velichie, embrumé par les froides nuits d’un hiver éternel, d’être plus réussi et de renforcer une cohésion qui, en l’état, lui fait quelque peu défaut, les titres Black Metal donnant l’impression de surgir d’on ne sait où. Ceci étant, dans le genre, il s’agit d’un premier album honnête bien que parfois maladroit et au climat frigorifique bien rendu.