Fraîchement débarqué chez Lion Music, Anthriel ne se fait pas attendre puisque la sortie de son premier album a été avancée d’un mois. Ce genre de décision de la part d’un label peut amener à quelques réflexions, notamment sur l’impact direct auprès du consommateur d’une forme d’art de qualité, qui devra éventuellement ouvrir son porte-monnaie avec un peu d’avance. Alors, décision justifiée ou coup de publicité artificiel suivi d’un effet aussi retentissant qu’un pétard mouillé ?
Avant de se lancer dans une réponse posée et réfléchie, une rapide présentation du groupe s’impose. Anthriel existe depuis 2004, formé par des musiciens issus du heavy / power métal dont les formations originelles ont pour nom Cosmic Spell ou bien encore Teräsbetoni. Mais les choses sérieuses débutent en 2007, lorsque le combo finlandais diffuse une demo sous le titre de "Visions Of Inner Light And Deeper Thoughts". Après avoir trouvé la stabilité nécessaire pour franchir le pallier supérieur, avec l’arrivée au chant de Simo Silvan, la machine est en route pour présenter son originelle production, "The Pathway".
Anthriel affiche clairement sa ligne de conduite. Tout en faisant bloc autour de sa dernière recrue, la formation nordique jette son dévolu sur un métal progressif à tendance symphonique, mais par l’entremise de petites touches matérialisées par des titres courts et instrumentaux qui confèrent néanmoins l’effet escompté. Mais l’élément frappant dès la première écoute, c’est avant tout l’aspect technique dont dispose chaque musicien dans son domaine respectif. Un guitariste volubile et inflexible qui ne mâche pas ses notes dont l’impact neoclassique ne fait aucun doute. Le claviériste suit en toute complémentarité, voire même impose la cadence, dans une atmosphère confondant sonorités lourdes et arpèges légers. Et enfin, au milieu de ce véritable tourbillon musical, une prestation vocale en complète adéquation. Simo Silvan en impose avec sa puissante tessiture qui n’est pas sans rappeler Russell Allen. D’ailleurs, l’ombre de Symphony X plane sur "The Pathway".
Cependant, réduire Anthriel au simple rang de disciple de ce géant du métal progressif serait proprement injuste car ce groupe fait preuve d’une réelle ardeur, qui met bien en évidence les intentions de son label. Anthriel maîtrise totalement son fond de commerce, même si les influences sont clairement ressenties, à commencer par Yngwie Malmsteen pour le côté baroque des descentes de manches ainsi que Dream Theater pour l’emphase et la construction des morceaux qui avoisinent majoritairement les six minutes. Seulement, Anthriel connaît la musique. La partition de chaque titre composant "The Pathway" peut même s’apparenter à un parchemin aux bordures rongées par le temps laissant transparaître une forme d’intérêt grandissant lorsqu’il se déroule en même temps que les morceaux défilent.
Ce premier album d’Anhriel mérite plusieurs écoutes, même si l’aspect "catchy" volontairement imprégné sur les refrains laisse des traces instantanées dans les écoutilles. Le quintette finlandais peut être fier, car son métal resplendissant, travaillé et conquérant dispose de tous les atouts pour séduire un public pas forcément disposé et pleinement acquis à cette cause qu’est le métal progressif à tendance symphonique. Pourtant, la voie n’est point semée d’embûches.