C’est bien une Reformation avec un grand « R » qui nous intéresse ici en abordant cette chronique du nouvel album d’Unruly Child. En effet, depuis 1992 et son premier album, l’Enfant Indiscipliné n’avait plus retrouvé en son sein les musiciens qui lui avaient donné naissance. Revoilà donc aux commandes de ce « World Collide » Bruce Gowdy aux guitares (Stone Fury, World Trade), Guy Allisson aux claviers (World Trade) accompagnés de Larry Antonio à la basse (Pablo Cruise) et Jay Schellen (Hurricane, World Trade, Asia) à la batterie.
Et le chanteur me direz-vous ? Hé bien ma foi, il n’a pas changé non plus mais il a changé quand même… Je m’explique (y’a que sur moi que ça tombe des chros pareilles) : en 1992 Mark Free était le vocaliste d’Unruly Child et, en 2010, Marcie Michelle Free est la chanteuse d’Unruly Child. Remisez vos gausseries au placard, rustres personnages, ce sont des choses qui arrivent dans tous les milieux, le monde du Rock n’ayant aucune raison d’être une exception. Si vous appréciez la voix Mark/Marcie, elle est par ailleurs un tantinet plus grave aujourd’hui que par le passé (?), vous pouvez l’entendre sur les deux premiers King Kobra, sur l’album de Signal et sur ses deux albums solo (l’un sous le nom de Mark, l’autre de Marcie). L’artiste ayant réalisé la pochette de l’opus, Hugh Syme, est, pour la petite histoire, le papa de celles des trois derniers Dream Theater, de celles des disques de Rush, du « Get a Grip » d’Aerosmith, du « X-Factor » de Maiden et des « Promised Land » et « Hear in the Now Frontier » de Queensryche. De bien belles oeuvres ma foi.
Au-delà de ces considérations hautement philosophiques, que vaut cet album du retour ? Hé bien sans ambages osons avancer qu’il s’agit d’une déception. En effet, même s’il est avéré que nous attendons toujours trop de nos « amours » passés, ce en partie car le temps qui passe embellit parfois les souvenirs, l’amateur d’AOR risque ici de rester un tantinet sur sa faim.
Tout d’abord parce qu'il est difficile de trouver des hits (même un hit) dans cet album, or, pour un album d’AOR, c’est un brin gênant. Certes, quelques titres de bonne facture peuvent être recensés, mais ils ne sont pas férocement emballants. Ces derniers sont ceux qui respectent le plus la tradition-phare de l’AOR soit une mélodie qui vous suit jusque sous la douche, vous connaissez la chanson, c’est le cas de le dire. On peut ainsi citer dans cette veine la triplette (les morceaux se suivent) « When We Were Young », la ballade « Tell Another Lie » et « Love is Blind » probablement le meilleur titre de l’opus même s’il serait inconvenant de ne pas le mettre en concurrence avec « Very First Time » qui démarre un peu comme l’« Every Breath You Take » de Police et qui cajole bien les foules sur son refrain.
Sinon, peut être évoqué « Show me the Money », très typé 70’s, dont la rythmique fleure bon l’ « Immigrant Song » de Led Zep et qui nous fait penser à Tesla, « Life Death » qui possède un refrain insipide voire énervant, « Neverland » et « Talk to Me », qui, avec leurs guitares sèches, s’écoutent mais ne déchainent pas les passions, tout comme « Read my Mind », qui nous ouvre ses portes façon « hommage à Queen » mais tombe ensuite un peu à plat malgré un beau solo, sans omettre le Loverboyen « When Worlds Collide » qui leur est tout de même supérieur grâce à son refrain. Permettez-moi d’ajouter à ce panel « You don’t Understand » qui dispose d’une mélopée à la limite du ridicule sur les couplets, et « Insane », qui malgré ces « houuuu Bab’ » Coverdaliens stresse tout du long.
Ainsi donc, comme vous pouvez le constater nous ne sommes pas ici en présence du disque d’AOR de l’année, ni du mois d’ailleurs. Un opus correct, sans plus, dans lequel seuls quelques trop rares titres dépasseront la demi-douzaine d’écoute dans votre mange-disques préféré.