Après une longue période de veille, leur dernier album datant de 2001, les Stone Temple Pilots nous reviennent en 2010 avec un album éponyme, leur sixième à ce jour. Au regard de l’insistance d’Atlantic pour que ses poulains sortent leur dernier album sous sa licence, et des moyens investis sur ce disque en termes de production et de promotion, nous sommes en droit d’attendre le meilleur de celui-ci. Et de fait, la première écoute nous dévoile un groupe dans une forme des plus clinquantes. Le son est puissant, bien rond, les compositions oscillent entre saveurs 70’ et accessibilité Pop, la recette du bonheur semble donc trouvée…
Malheureusement, très rapidement l’écoute de ces douze titres se révèle assez laborieuse. En effet, le tableau idyllique espéré, laisse place à d’amères questions : pourquoi ces talentueux musiciens font-ils de la musique ? A quoi leur sert leur savoir-faire ? L’écoute de leur dernier album laisse en effet un goût âpre dans la bouche. Et surtout plus d’interrogations que de plaisir. Pourquoi le groupe a-t-il tourné le dos à son style de prédilection ? Qu’il y a-t-il derrière ce soudain revival Classic Rock un peu stérile ?
Car nous sommes ici à la limite de l’inspiration et du plagiat. "Huckleberry Crumble" est ouvertement inspiré par Aerosmith. Le groupe site d’ailleurs Brad Whitford, le guitariste de ces derniers, comme une de leurs influences majeures sur ce disque. Sur "Hickory Dichotomy" on peut presque visualiser David Bowie accompagnant Aerosmith (le fantôme du Thin White Duke reviendra d’ailleurs hanter le popisant "First Kiss On Mars"). L’énumération pourrait continuer avec "Dare If You Dare" dont le refrain est pompé sur le "All The Young Dudes", et les vocaux sur les expérimentations des Beatles sur "Abbey Road". Quant à "Hazy Daze", c’est vers du sous Led Zeppelin qu’il nous entraîne.
Alors certes, il y a bien pire comme influences, et le talent des musiciens aidant nous devrions être à la fête. Las, le résultat est déprimant et nous amène à nous interroger à nouveau sur le sens de ce disque et sur l’intérêt d’attendre 6 années pour pondre un album aussi peu original ? Nous avons le sentiment que STP cherche à conjuguer le Classic Rock des années 60 / 70 avec une production et des sonorités modernes. La sensibilité du Rock de la fin du siècle dernier avec la propreté d’une production dernier cri. Il en ressort un recueil de morceaux extrêmement bien construits et produits, mais qui peinent à procurer la moindre émotion. Il est surprenant de constater à quel point la qualité de l’interprétation et de l’orchestration riment ici avec fadeur et platitude.
Stone Temple Pilots vient d’inventer la musique générique, une musique sans génie qui se contente de singer, sans émotions, l’esprit de grands artistes. C’est d’autant plus triste qu’ils furent eux-mêmes de grands artistes. Tragique !