"Spirit Of The Night" est l'enregistrement du concert donné par Asia à Cambridge en septembre 2009. Ce concert est le premier ayant fait l'objet d'un enregistrement après la parution de "Phoenix" qui a vu la reconstitution du line-up originel.
Je pense qu'il est inutile de présenter Asia. Si un lecteur n'ayant jamais entendu parler de ce groupe s'était égaré par hasard sur cette chronique, je lui recommande de commencer par le commencement et de se référer au préalable aux articles consacrés sur ce site à "Asia" et "Alpha", premiers albums du groupe, qui lui permettront de savoir à qui il a affaire.
Pour les autres, comme je le disais ci-dessus, je pense qu'il est inutile de présenter Asia. L'enregistrement du concert a donné lieu à la parution d'une version sur CD seul et d'une autre sur CD/DVD, ces deux supports présentant quelques différences mineures quant aux titres repris sur chacun d'eux : ainsi "Fanfare For The Common Man" et "Midnight Sun" ne figurent que sur le CD, le DVD leur préférant une reprise de King Crimson ("In The Court Of The Crimson King") et un reportage commenté par John Wetton himself.
Que dire du CD ? Pas de surprise dans le choix des titres : tous sont extraits d'albums exécutés par le combo présent. Six titres tirés de leur premier opus "Asia", quatre du second, "Alpha", et enfin seulement deux extraits de l'album de la reformation, "Phoenix". Que des valeurs sûres, ou presque. Pour compléter cet ensemble, une reprise d'une pièce du compositeur américain Aaron Copland, "Fanfare For The Common Man", rendue célèbre auprès des fans de rock progressif par l'interprétation qu'en ont faite Emerson, Lake & Palmer sur "Works 1".
Côté personnel, quatre vétérans qui tiennent la route, que dis-je, quatre quasi-légendes qui assurent sans faiblesse leur partie sur leurs instruments favoris : John Wetton à la basse, Geoff Downes aux claviers, Carl Palmer derrière la batterie et Steve Howe aux guitares, à qui je décernerais une mention spéciale, tant ses interventions sont lumineuses.
Enfin, la réalisation est très honnête, les balances entre les différents protagonistes sont équitables, les cris du public ne viennent pas perturber l'écoute : tout va bien. Alors, me direz-vous, pourquoi une note si basse ?
Imaginez : vous venez d'insérer la galette dans votre lecteur, vos tympans se délectent de l'attaque incisive du clavier de Geoff Downes sur "Only Time Will Tell", John Wetton entame "You're leaving now, It's in your eyes", …, et là, vous mettez 30 secondes au moins avant d'admettre qu'il s'agit bien de John Wetton ! Une voix mal assurée, sans souffle, sans puissance, incapable de monter un tant soit peu dans les aigus ou de tenir une note, et à la limite de la justesse. Vous pensez "C'est la première chanson, il ne s'est pas chauffé suffisamment la voix", mais las, piste après piste, il faut se rendre à l'évidence : le chant oscille entre un médiocre supportable et des lacunes incroyables venant d'un chanteur de son talent. Car n'allez pas croire que je n'aime pas John Wetton. Bien au contraire, j'ai toujours apprécié la chaleur de sa voix, cette puissance contenue … dont il faut parler au passé semble-t-il. Une prestation bien attristante pour tous ceux qui l'ont admiré.
Et comble de malheur, ce n'est pas le seul titre instrumental du CD, "Fanfare For The Common Man", qui sauve l'album du désastre. Le titre tourne à la démonstration, chaque musicien prouvant ce qu'il sait faire (un peu inutile au vu du palmarès des dits musiciens). Nous avons même le droit à un solo de batterie long de plus de deux interminables minutes. Si ce genre de prestations peut plaire aux spectateurs qui se sont déplacés pour écouter le concert, il est parfaitement ennuyeux sur un CD. A la limite, à voir sur DVD mais, manque de chance, ce titre ne figure pas sur le DVD. Un sans faute sur les fautes de goût !
A qui s'adresse ce disque ? Pas aux néophytes qui risqueraient d'être dégoûtés à jamais d'Asia, ce qui serait dommage. Pas aux fans non plus, qui ne peuvent que pleurer devant la médiocrité de ce CD. Il suffit de faire un blind test en écoutant le titre d'ouverture dans sa version originale et dans la version live. On ne s'en remet pas ! A réserver donc aux purs collectionneurs qui rangeront précieusement cette "pièce de musée" sur leur étagère pour ne plus jamais la ressortir.