Les Britanniques de Pure Reason Revolution (PRR pour les intimes) nous reviennent à peine un an et demi après l’excellent "Amor Vincit Omnia" qui avait marqué un tournant dans l’orientation musicale du groupe, passant alors en effet d’un Rock Progressif Floydien à un style beaucoup plus orienté électro, tout en restant dans une musique mélodique et évolutive. Depuis, la question de savoir ce qu’allait nous proposer PRR sur ce troisième album brûlait les lèvres de chacun des fans du groupe, "Hammer And Anvil" s’apprêtant enfin à livrer une réponse en ce mois d’octobre 2010 !
Pour ceux qui n’en peuvent plus d’attendre, sachez qu'avec ce nouvel opus, Pure Reason Revolution a décidé de continuer sur la lancée de son prédécesseur, à savoir sur un Rock Progressif dynamique et électronique des plus séduisants ! On retrouve ainsi des morceaux aux guitares électronisées, aux percussions parfois dotées d’effets synthétiques, parfois vibrantes et naturelles, le tout supporté par des nappes de claviers et autres effets électroniques s’accordant parfaitement avec les chants et les chœurs aux duos féminins/masculins dont la mélodie, marque de fabrique de PRR, n’est plus à démontrer.
Néanmoins, et c’est là la petite (ou plutôt grande) différence avec "Amor Vincit Omnia", PRR a préféré ici insister sur l'efficacité de ses titres en mettant l'accent sur le duo couplet-refrain plutôt que de persévérer dans la recherche et la complexité des musiques. Bien entendu, tout l'album n'est pas composé de morceaux aux structures simplistes, en démontrent les trois derniers titres ("Blitzkrieg", "Open Insurrection" et "Armistice") qui font la part belle à l'expérimentation en même temps qu'aux émotions.
Toutefois, la mélodie n'est pas absente du reste de l'album, et bien que se trouvant amoindries, la recherche et l'expérimentation musicales se retrouvent tout de même sur "Hammer And Anvil". En effet, le savant mélange de musique électronique et de Rock Progressif, allié à ces chants et autres chœurs dont seul PRR a le secret, produit toujours autant d’effet... Cependant, l'accent est bel et bien mis sur les refrains qui sont souvent martelés sur certaines musiques, ce qui peut devenir lassant, ou bien être source de puissance et d'efficacité sur d'autres titres, mais ceci est bien entendu laissé à l'appréciation de chacun.
En effet, sur "Black Mourning", qui ressemble d’ailleurs à s’y méprendre à "Victorious Cupid" d’"A.V.O." autant par ses guitares qu’au niveau de sa rythmique, seul un court interlude sépare un enchaînement de couplets/refrains, certes entraînants, mais qui se révèlent être redondants ; "Patriarch" avec son ambiance planante et décontractée, renforcée par une rythmique légère aux claviers ainsi que par des chœurs atmosphériques aigus, martèle néanmoins son refrain au point de lui en faire perdre sa subtilité ; et il en va de même sur la plupart des autres titres. Cependant, "Valour" et son final atmosphérique haut en couleur prouve à l’auditeur que la dimension progressive existe toujours chez PRR, ce qui est d’ailleurs confirmé par les trois morceaux finaux.
En effet, "Blitzkrieg", malgré sa dimension extrêmement électronique allant jusqu'à faire penser à un titre de boîte de nuit, arrive à susciter l’intérêt par l’enchaînement de samples recherchés et enveloppés d’une ambiance pesante, montant progressivement en puissance jusqu’à ce que le calme complet se mette subitement à régner, laissant alors place à des chœurs apaisants, avant de reprendre sur la rythmique principale qui part lentement s’étouffer sur le final. De son côté, "Open Insurrection" se veut nettement plus calme avec une atmosphère presque magique produite par une combinaison d’ambiances aux claviers et de notes de piano, le tout se voyant emporté par une rythmique pesante sur laquelle viennent se poser diverses sonorités aussi intrigantes que saisissantes. Mais c’est bien sur le final qu’il faut insister, cet instrumental entraînant l’auditeur dans une montée en puissance prenant toute sa dimension sous quelques notes de claviers transcendantes. Enfin, la ballade "Armistice" vient conclure l’album dans le calme et la tranquillité, alors que l'harmonie créée entre la basse et les accords de guitare électrique transporte l’auditeur jusqu’à un interlude poignant, montant en puissance avant de terminer l’album dans la volupté d’un piano délicat.
Au final, sur "Hammer And Anvil", malgré le côté un peu Pop de certains morceaux de par l’accent mis sur les duos couplet-refrain, il est tout de même indéniable que la recette PRR fait toujours effet, avec une originalité hors pair, des sonorités accrocheuses et fascinantes, une mélodie transcendante, et une magie qui, une fois de plus, opère.