Essayez de vous souvenir : il a déjà dû vous arriver, dans votre vie, d'avoir l'impression de vivre un moment inutile, une expérience qui ne vous apportera absolument rien dans votre existence. Si vous vous ennuyez dans la vie au point de rechercher ces moments totalement stériles, ce premier album d'Akacia pourrait bien être pour vous.
Un peu d'histoire : nourris essentiellement à l'amour de Dieu et à la musique progressive des années 70's, Yes et ELP en tête, les cinq membres d'Akacia décident un beau jour de se réunir dans un garage et de mettre en route ce qui sera à n'en pas douter l'un des plus beaux ratés de l'année 2003, bien que l'intention de créer un album empreint de spiritualité soit en elle-même louable.
Pour cela, les moyens mis en œuvre sont impressionnants : une production à deux francs (d'où l'allusion au garage ci-dessus, alors qu'en réalité l'album a été enregistré dans une église, ce qui aurait permis d'attendre une qualité nettement supérieure), un chanteur à la voix proprement insupportable, des sons de clavier dont même Rick Wakeman n'aurait pas voulu en 1970, une section rythmique qui a autant de feeling que le tueur fou de n'importe quel film d'épouvante de série B et, pour terminer, un guitariste qui voudrait bien ressembler à Steve Howe, mais à qui personne n'a fait comprendre qu'il a d'abord besoin de quelques années de cours.
Bon d'accord, il y a tout de même un bon côté : la longueur des morceaux qui justifie à elle-seule l'appellation rock progressif.
Toujours pour ceux qui ont du mal à suivre, c'est-à-dire les mêmes que ceux qui n'avaient pas compris le coup du garage, je rappelle qu'il y a une recette infaillible pour faire du rock progressif : le morceau de plus de dix minutes.
Akacia l'a compris et, au lieu de torturer nos oreilles durant seulement 20 minutes en 4 morceaux, nous achève complètement en portant la durée totale du supplice à près d'une heure. Certains me trouveront peut-être dur mais écoutez simplement la fin du morceau "An Other Life" (avec ses "pêches" ridicules au charley) ou le solo de clavier de la fin de "Mary" et je vous garantis un grand moment de solitude musicale. Je pourrais également m'attarder sur le reste et parler de la forte ressemblance entre chaque morceau, montrant un réel manque d'imagination, les plages de clavier "vomitives" de "Hold Me", les riffs déjà entendus mille fois et en permanence "soutenus" par un clavier à mi-chemin entre la guitare de Yngwie Malmsteen et les premiers symptômes de la maladie de Parkinson, etc…
Un premier album est toujours à écouter différemment des autres car c'est ce type d'objet qui permet plus que tout autre de voir le potentiel d'un groupe et la passion qu'il est apte à mettre dans ce qu'il fait.
Avec Akacia, le constat est clair : l'humour est une chose qu'il faut savoir manier avec parcimonie. Alors merci, on a bien ri, mais par pitié, faites désormais autre chose.
Du crochet, par exemple, c'est bien, aussi, le crochet…