L’histoire de Gifts From Enola ressemble à beaucoup d’autres. Des amis de collège s’éprennent pour une musique commune et décident de s’associer pour créer leur vision de la chose. Cinq ans plus tard, ces américains de Virginie, sortent déjà leur troisième opus chez le jeune label The Mylene Sheath, court mais intense creuset électrique accueillant des influences diverses telles que Godspeed You! Black Emperor, Isis ou encore Russian Circles.
Comme leurs homologues, le quintette prend le parti de développer assez longuement ses thèmes tout en veillant - même si certains des membres semblent se convaincre du contraire - à ne pas bifurquer d’un savant dosage entre des élans post-rock et une puissance post-hardcore. Avec seulement cinq titres pour trente-cinq minutes (évitant de justesse l’appellation d’Ep) de distorsions quasi entièrement instrumentales, GFE pose les contours de son univers sombre qui semble avoir été foulé par d’autres auparavant mais qui ne manque pas d’attrait.
Avec souvent cette image de mur sonore quand il s’agit de post-hardcore, le duo de guitares forme une ligne de front parfois très lourde (« Dime and Suture », « Rearview »), alambiquée quoique parfaitement maîtrisée, et baignant dans une production sans fioriture, plus prêt de l’énergie impulsive que d’une recherche de technicité.
GFE a su pourtant barioler les ambiances au départ plutôt austères de quelques pointes plus légères le plus souvent post-rock à l’instar d’ « Alagoas » dont les premières minutes feraient penser à The Shadows sous ecstasy. De son côté, « Grime and Glass » s’affuble avec parcimonie toutefois de quelques sonorités noise en gardant ce côté massif des guitares qui sévit, au même titre que les escapades post-rock, d’un bout à l’autre l’album.
Gifts From Enola n’envoie pas là une bombe mais dompte parfaitement les éléments du genre. Frustrante par sa courte durée, ce qui reste un gage de qualité, cette pièce de rock remplit sans vraiment se démarquer de ses camarades son rôle d’agitateur de boîte crânienne.