Témoin de l’éclectisme de Music Waves, la présence de Pendulum, groupe plutôt référencé "Drum ‘n bass" et "Jungle" n’est pas si incongrue qu’il ne pourrait y paraître de prime abord. En effet, si les Australiens évoluent dans un univers que l’on peut qualifier de très Dance, ils y incluent des influences et des tonalités qui renvoient directement au Rock électrique.
Un regard sur la composition du groupe, à savoir deux guitares, une basse, un clavier, une batterie, un MC et un DJ, peut déjà laisser subodorer une formation assez orientée Rock. La liste des invités achève de lever les doutes : Steven Wilson de Porcupine Tree, Peter Iwers d’In Flames et Liam Howlett de Prodigy.
Après un second album, "In Silico" qui avait reçu un très bon accueil commercial et critique, le groupe nous revient avec "Immersion", un disque qui a bénéficié d’une très grosse campagne de promotion lui ayant permis d’atteindre la première place des ventes au Royaume-Uni.
Le style reste globalement inchangé, à savoir une musique assez atmosphérique à base de rythmes très sourds, renforcés par des lignes de basses ronflantes. Le tout servant d’assise à des mélodies axées Dance. Derrière un packaging très réussi, le résultat se révèle toutefois assez contrasté.
Si des morceaux comme "Island Pt.2" ou bien "Witcraft" fonctionnent vraiment bien et donnent immédiatement envie de sauter en l’air, il n’en reste pas moins que ces titres ne reposent que sur une unique mélodie de synthé et une rythmique de plomb. "The Vulture" et "Self Vs. Self", transcendé par la participation de membres d’In Flames, passent également très bien dans les oreilles. Dans ce dernier titre, l’orientation métal tranche avec le reste de l’album et apporte une fraîcheur salvatrice. Le single "Watercolour", malgré (grâce à ?) des mélodies et des couches de synthé un peu téléphonées, se révèle également assez réussi.
Mais beaucoup d’autres titres se contentent de recycler des clichés Dance et Techno à l’instar d’un "Island Pt1 (Dawn)" gluant de mièvrerie ou d’un "Under The Waves" d’une fadeur incommensurable, malgré un final énergique (et directement inspiré de Prodigy). Et les exemples de ce type pullulent, "The Foutain" avec Steven Wilson, "Encoder" ou encore "Comprachicos" sont des titres passe-partout et dépourvus d’âme.
Là où un Prodigy innovait et prenait le parti pris de la radicalité, Pendulum adopte une démarche bien plus timorée et paresseuse. La pauvreté novatrice des claviers et les vocaux bien souvent plats ne contribuent pas à relever l’ensemble. On a un peu le sentiment que le groupe a mal su gérer l’équilibre entre mercantilisme et Art et qu’il semble incapable d’arbitrer entre sucrerie Dance et puissance. C’est fort dommage car, le style est bien maîtrisé, et on a souvent le sentiment d’être à deux doigts de l’extase.