Il y a quelques années (2006, comme le temps passe !) nous est arrivé un excellent disque de rock-fusion totalement instrumental, sobrement intitulé On ! (du groupe allemand Electric Outlet). Pourtant peu porté sur le côté fusion - apparenté au jazz-rock - , et souvent lassé des productions entièrement instrumentales, votre serviteur avait été assez enthousiasmé par la qualité de l’ouvrage, dynamique à souhait et plein de variété.
Avec Crux présenté par The Seven, j’ai ressenti un peu les mêmes émotions. Voilà une formation qui délivre avec une pêche d’enfer des morceaux à la rythmique millimétrée, servie par une production impeccable. La section rythmique est placée très en avant, volant la vedette à la guitare, très technique, qui tient le rôle de soliste principal, comme souvent dans les formations orientées fusion. Dans les morceaux plus lents (Grace), des intonations à la Carlos Santana se font entendre, mais parfois aussi on sent le souffle d’Al Di Meola (Redemption) : il y a pire comme références !
Un grand soin est apporté dans la mise en place et la précision des instruments : à la batterie, souvent le petit détail qui fait mouche, à la basse, le groove rigoureux : Analogue est en l’espèce un titre très réussi. La guitare sait se faire plus rapide, n’échappant pas à certaines démonstrations de shred, toujours impressionnantes techniquement mais émotionnellement plus plates (Prognatus Demo, Nine Dollars), mais dans l’ensemble la pêche délivrée par l’album est très communicative !
Ainsi donc, l’écoute de Crux procure cette somme de petits plaisirs qu’apportent les albums bien léchés. Malgré une petite baisse de régime sur les morceaux plus lents ( Grace ), où The Seven semble moins à l’aise, l’auditeur se dit : “Voilà des musiciens qui ont plaisir à jouer ensemble !”. Et pour cause, puisqu’ils ne sont qu’un ! Kevin Smith tient en effet la guitare (son instrument de prédilection), les claviers (plutôt discrets), la basse et la batterie (pour petite partie programmée, mais pour la plus grande part, acoustique). Et là, nous devons avouer avoir été bluffés : il est très rare qu’un album composé, produit et exécuté par un seul homme donne un résultat aussi remarquable. Même s’il est possible de trouver un côté légèrement répétitif à certaines liges musicales, et si les titres ne sont pas aussi développés que les epics progressifs, Crux mérite largement de faire un détour !