Bien que tous les deux arrimés à la scène Black Metal, Gravewürm et son (presque) homonyme Graveworm n’ont en réalité rien d’autre en commun. C’est dire les écarts abyssaux qui peuvent exister au sein d’une même chapelle. Bref, tout ça pour dire que celui qui nous intéresse avec cette chronique n’a de fait rien à voir avec le Black tendance gothico-symphonique usiné par les Italiens. C’est plutôt vers les origines préhistoriques du mouvement, vers le mal originel que les Américains tournent leur tête (de bouc). Hellhammer, Sodom, le Bathory primitif ainsi que le Doom Death baveux, constituent le combustible d’une bestiole qui frétille de la queue depuis 20 ans et sept méfaits sales comme une plaie purulente suintant un fluide vicieux sans compter une liste longue comme le bras de splits et de démos divers.
Quelques mois à peine après avoir régurgité un étron encore fumant baptisé Black Fire, Gravewürm s’agenouille de nouveau devant le Malin le temps d’une quarantaine de minutes, celles que dure Blood Of The Pentagram. Douze titres, douze crachats entre proto Black Metal et Thrash primaire. La voix de canard souffrant d’une angine pourra en agacer certain, le rythme qui s’embourbe dans la mélasse, également. Mais les Américains honorent avec une respectable sincérité une certaine vision du métal extrême, cru, dépouillée, garantie première prise. Et surtout eviiiillllllll !
Si à première vue, tous les morceaux, courts et fielleux paraissent se ressembler et sortir du même moule marécageux, une écoute plus attentive révèle de timides nuances, quand bien même l’élégance et la recherche à tout prix ne sont absolument pas ce qui motivent le groupe. Mais le très bon final au bord de la rupture de "Blood Of The Pentagram", l’atmosphère sinistre que n’aurait pas renié Burzum drapant "Two Coins For Charon", le solo (?), déglingué toutefois, perçant "Infernal Devilry" par exemple, illustrent que Gravewürm mérite mieux que l’image bordélique à laquelle on serait tenté de le réduire.
Si cela ne sautera pas aux oreilles de la majorité d’entre vous qui ne décèleront aucun intérêt musical à cette (fausse) bouillie sonore, il n’en demeure pas moins que Zyklon (?) et Funeral Grave savent composer. Le rampant "Lycanthropic", la piste la plus longue du menu avec ses 5 minutes au compteur (un exploit !), le démontre, tout comme la décrépitude finale incarnée par "The Sign Of The Dark Destiny", décorée d’atours presque mélodiques.
Pas très ambitieux peut-être mais Blood Of The Pentagram ne trompe personne quant à son contenu. Blasphèmes souillés et saillies primitives en forment le réjouissant programme. Il y en a qui aime ça...