Allez, et si nous chroniquions un groupe transalpin de Rock Mélodique, ça nous changerait de la Suède ! Voici un petit papier sur un nouveau groupe (encore !) et Perfect View est son nom. Puisque le patronyme de cette formation ne vous dit rien, citons donc celui de ses composants. Ci-inclus en ce combo, Luca Ferraresi, Francesco Cataldo et Massimiliano Ordine ! Vous ne percutez toujours pas ? Normal ceci-dit car même si les qualifier d’illustres inconnus serait leur manquer un tantinet de respect, il faut bien reconnaître que ces jeunes gens, formateurs de Perfect View, ne sont pas des habitués de nos colonnes. Néanmoins, il peut être utile de préciser que les deux derniers ont tourné avec Symphony X en 2000, suite à la sortie, avec le groupe Xteria, de leur seul album "Outshined". Reconnaissez que comme ligne sur une carte de visite ça peut attirer l’attention non ?
Tous les combos, à leur naissance, souvent guidés par leurs goûts musicaux, font état de leurs buts recherchés. Pour les membres de Perfect View, voilà quel était le programme : combiner un AOR de première classe genre Toto, Winger ou Journey avec des passages à la Van Halen ou à la Lynch Mob tout en rajoutant des éléments progressifs. Mazette ! Ambitieux pour le moins… Reste à voir si les gaillards ont les moyens de leurs ambitions. Les premières impressions sont que l’opus semble présenter des titres flirtant avec différents sous-groupes de notre musique aimée. Un peu de Hard FM, un peu d’AOR, un peu de Hard Rock classique et un tout petit brin de progressif. Voilà qui ne semble pas si éloigné que ça des volontés initiales du combo.
Poussons un peu plus loin l’étude de l’opus, réécoutons les premiers morceaux. La voix du frontman est la plupart du temps assez classique de la veine FM, du bel ouvrage sauf sur quelques vocalises incongrues trop haut perchées. Les chœurs sont bien présents, sans être envahissants. Ils renforcent les refrains avec un certain art et une habile parcimonie. Le synthé enlumine l’ensemble sans envahir l’espace. Le guitariste est présent, assure sa partition sans que ses interventions ne cisaillent les compositions à coups de riffs ou ne les rallongent par l’entremise de soli interminables. Tout ça est plutôt caractéristique du Hard FM. Journey et Winger sont effectivement dans les parages sur les trois premiers morceaux que sont "A Better Place", "Closer" et "One More Time" où le batteur se prend une petite suée sur le final, peut-être tout heureux de nous annoncer la chute du morceau façon "Separate Ways" de l’ex-combo de Steve Perry. La réussite est au rendez-vous, ça mélodise à tout va et ça attire parfaitement l’attention de l’auditeur tout comme le très Toto "Believe", et la magnifique ballade "A Reason To Fight". Et là on se dit "Bigre ! je tiens l’album mélodique de la rentrée !". Et puis patatras !
Patatras car “I Need Your Love” déboule, la voix se fait bizarrement rugueuse (sur l’attaque du morceau), le refrain s’enlise dans les sables mouvants du passe-partout et ce n’est pas le synthé mathusalémien qui va redorer le blason du titre. Patatras aussi car "Run" qui suit accélère le rythme de manière incongrue et malhabile donnant dans le Rock basique ennuyeux comme son petit frère "Don’t Turn Away" moins rapide mais tout autant plat. Trois morceaux bas de gamme à la suite, ça tiédit l’ambiance messieurs ! Heureusement que le Hard FM de qualité est de retour avec "Hold Your Dreams", titre de l’opus. On reprend espoir et…on s’interroge à nouveau sur le morceau suivant. "Showtime", c’est le titre avec des touches de progressif (rappelez-vous, plus haut dans cette chronique). Celles-ci sont de deux sortes, la durée du morceau (6’27) et les envolées de cordes (synthétisées) qui parsèment le tout genre climat cinématographique. Allons droit au but, ces dernières et le refrain (surtout le final) sont les meilleurs moments du titre, le reste nous laisse dubitatif, tant les couplets que les soli du claviériste et du guitariste. A sa suite "Speed Demon", qui aurait dû être positionné derrière les trois boulets précités pour nous débarrasser des insipidités du disque, nous plonge la tête dans le sac. Allez, terminons avec une autre ballade, "Where’s The Love", à nouveau réussie, histoire de rester sur une bonne impression, ouf !
Voilà, vous avez parcouru le chemin tracé par le sillon de ce disque avec votre serviteur, l’équipage a rencontré, lors de son périple, de jolis paysages mais également quelques contrées ravagées qui ont un tantinet amoindri les plaisirs. Néanmoins, dans l’ensemble, le voyage restera dans les mémoires quelques jours, le temps de passer à une autre aventure. D’ici-là, n’oubliez pas, carpe diem.