Neodyme, quatuor québécois, nous revient deux ans après nous avoir emmenés Ensemble derrière la Lune, et nous invite à un nouveau voyage instrumental. Ce nouvel opus, sobrement nommé La Tour, semble vouloir marquer le changement dans la continuité (ou le contraire).
Sans doute la situation géographique de cette petite bulle de francophonie coincée dans un continent d'anglophonie, a-t-elle dicté le choix de titres en français sous-titrés en anglais. Ainsi, nous débutons la visite de l'édifice par "Asile (Asylum)", longue pièce, à l'instar de toutes celles présentes sur l'album, riche en sonorités, en ambiances et en tempos. L'intro lente et pesante cède la place rapidement à un piano concertant dont les mélodies sont agrémentées des riffs acérés d'une guitare rageuse. Cette complicité ou dualité du piano classique et de la guitare 'Metal' est récurrente dans une bonne partie des compositions. Parfois, la guitare se fait acoustique, hispanisante même dans la seconde moitié de "La descente", mais le plus souvent c'est l'électricité qui impose sa loi aux six cordes d'Alexandre "Ron" Champagne.
Difficile de définir un style conducteur, car chaque titre comporte de multiples facettes et ne ressemble jamais tout à fait à son prédécesseur, pas plus qu'à son successeur. Les quelques accents de jazz-bossa qui pointent au milieu de "Solitude" annoncent l'influence non négligeable du jazz dans les arrangements de Neodyme. Mais en écoutant bien avec une oreille analytique on percevra également un zeste de 'World' ou une once de 'Funk' au détour des compositions. La plus surprenante est sans doute "Éclipsée" dont les premières notes rappellent "Les longues nuits d'Isaac" d'Ange et qui évolue vers un passage très Genesisien pour arriver à une guitare plaintive Camelienne et, tout ça en moins de 2 minutes !!
Si de l'uniformité nait l'ennui, peut-on affirmer que la variété maintient l'intérêt ? La richesse de ce deuxième album de Neodyme pourrait être son seul défaut et il est facilement concevable que certains auditeurs soient perturbés par tant de changements de rythmes ou de styles. Si La Tour a quelque chose de Babel, elle est cependant une construction intéressante et distrayante.