Stu Marshall, guitariste, s’est fait une petite réputation dans le landerneau du métal australien avec ses groupes Paindivision et Dungeon. En 2009, il montait le projet Empires Of Eden avec des membres de groupes australiens comme Lord, Vanishing Point, Crimsonfire ou encore Paindivision. Manifestement avec un certain succès puisqu’il remet le couvert avec cette fois, quelques fromages de tête du power métal comme Mike Vescera (ex-Malmsteen), Zak Stevens (ex-Savatage, Trans-Siberian Orchestra, Circle II Circle), Steve Grimmet (Grim Reaper), ou encore Sean Peck, l’organe vital du groupe américain Cage. Bien sûr, des complices Australiens comme Louie Gorgievski (Crimsonfire) ou Mike Zoias (Transcending Mortality) sont toujours de la partie.
Le premier titre, "Of Light And Shadows", donne tout de suite le ton. Stu aime quand les guitares dégainent dans tous les sens et quand ça gueule. Là, c’est très réussi, les guitares sont variées et très inspirées, Vescera assure sans surprise, mais aussi sans excès. Celle de Louie Gorgievski qui entame le second titre "Enter The Storm" rappelle un peu celle de Gary Barden (MSG); elle est excellente quand elle est posée, mais son tremolo est insupportable dès qu’il la force. Et comme le duo guitares-claviers semble un peu téléphoné, c’est pour le moins un titre en demi-teintee qui aurait mérité une meilleure interprétation. C’est dommage, d’autant qu’il gâche trois titres avec le même défaut (dont "Searching Within" qui possède pourtant la meilleure mélodie de l'album).
Si l'on aime les vraies gueulantes, il faut aller chercher Sean Peck. Chez lui, c’est naturel, même dans les aigus, il ne donne jamais l’impression de forcer, et il varie à souhait, un exemple! Quelques bonnes parties de guitares dans la deuxième partie de ce morceau, "Total Devastation", une rythmique impeccable (comme pour son premier exercice, les fûts sont maltraités par Jason "Jasix" Manewell, un pote à Stu), c'est bon, mais un semblant de mélodie aurait été apprécié.
Avec "Prognatus Ut Obscurum", c’est le fameux Zak Stevens qui entre dans l’arène, pour un titre plus en relief et plus mélodique. Hélas, la musique semble à nouveau poussive, tant au niveau de la voix que de la rythmique un peu pataude. Dommage. Et c’est un peu le problème de cet opus plein de bonne volonté: il se veut trop démonstratif, il veut s’affirmer, en imposer à tout prix. Mais quand on est sûr de soi, pas besoin de rouler des muscles, pour faire parler sa puissance, un regard devrait suffire. Même Steve Grimmet semble atteint par ce syndrome, et ne s’en tire que de justesse.
Alors l’album, qui contient pourtant quelques bonnes compositions, est dur à encaisser sur la longueur, même Aldo Maccione, autre rouleur de biceps, pouvait faire preuve de plus de sensibilité et de finesse. Un dernier exemple? "Reborn": plus lent, il est très bien chanté notamment par Zoias, mais tout se gâche à 3:58 avec un chant destiné à nous émouvoir mais qui se complait dans des gémissements simplement ridicules.
Autant dire qu'au vu de la réputation du guitariste et du pedigree des membres, c’est une déception. Déception qui ne doit pas occulter les talents guitaristiques de Stu, ni même ses qualités de compositeur ("Death Machine" est une autre compo power de bon niveau). Peut-être qu'en s’entourant d’un vrai groupe motivé et en le validant sur scène, il nous aurait livré la bombe atomique espérée, mais à vouloir bruler les étapes, ce sont ses ailes qui flambent...