The Ritualist pourrait être (c’est peut-être d’ailleurs le cas) le titre d’un vieux film d’horreur de la Hammer. C’est aussi celui de la seconde enclume de Hour Of 13, tandem américain dont ses deux membres urinent du Doom à chaque fois qu’ils vont faire une vidange, que ce soit sous une forme Stoner (Mountain Of Judgement pour Chad Davis, également actif au sein de plusieurs hordes Black Metal) ou plus classique (Seamount) et heavy (Atlantean Kodex) pour le chanteur Philip Swanson.
Avec leur projet commun, ils tètent les mamelles du Doom originel, celui qui peint des pentagrammes sur le sol, nourri aux grains sabbathiens période Ozzy, influence qu’ils ne cherchent nullement à transcender pour proposer une œuvre personnelle. Ce n’est pas grave.
De fait, Hour Of 13 aligne comme des pinces à linges sur un fil tout ce qui fait le charme de la Sainte Chapelle. Voix de canard enrhumé quasi-photocopie du dinosaure Osbourne, riffs pachydermiques coulés dans l’acier, tempo granitique… Rien d’original donc. Néanmoins, les Américains maîtrisent tellement bien leur sujet que l’on finit vite par être séduit par cet album, manière de leçon du genre, laquelle repose sur une architecture assez ramassée qui évite, sauf le temps du terminal et épique "The Crawlspace", de se prendre les pieds dans les durées excessives.
Non, la sauce épaisse et grisâtre est balancée en cinq à six minutes, ce qui ne grève jamais la puissance cabalistique de Hour Of 13, que des perles noires telles que le lent "The Gathering", le heavy "Naked Star" ou "Demons All Around Me", laminé par les grandioses coups de griffes de la guitare de Davis, devraient imposer comme un des plus intéressants fils spirituel du Black Sabbath primitif, comme le montre également "Possession" dont les premières mesures semblent tout droit sorties du cerveau de Tony Iommi.
Et quand le groupe mise tout sur les ambiances sépulcrales, il accède à une forme de majesté ténébreuse qui le distingue du tout venant des prêtres de la déesse Doom, témoin ce "Evil Inside" aux allures de caveaux sinistres seulement éclairés par des bougies.
On tient là par conséquent un psaume essentiel pour tous les fidèles, et peut-être la sortie la plus indispensable parmi la récente cuvée (Apostle Of Solitude et Wheel) du label Eyes Like Snow, toujours aussi précieux. Vous savez ce qu'il vous reste à faire !