S’ils ont confirmé, après l’aventure Bloodbath, le retour de Dan Swanö dans le giron du Death Metal, aussi bien en tant que musicien que comme producteur, les deux premiers méfaits de Demiurg, groupe que le Suédois a monté en 2006 avec son pote Rogga Johansson et le batteur Ed Warby (Gorefest), n’ont pas tout à fait emporté l’adhésion. De la nostalgie pour le Death à la suédoise des années 90 mais pas suffisamment d’inspiration.
Malgré l’emploi du temps plus que surchargé de ses membres et notamment Rogga qui donne l'impression de ne pas passer un mois sans pondre un album avec un de ses multiples projets (on pourrait remplir un annuaire avec ceux-ci), cette Dream Team de l’extrême a cependant trouvé un créneau pour fabriquer une troisième galette que l’on attendait sans excitation particulière. Or, Slakthus Gamleby se pause d’emblée comme son meilleur effort à ce jour !
Comme de bien entendu, il porte clairement l’Appellation d’origine contrôlée de son guitariste et producteur. Ce chant d’outre-tombe profond, celui de Johansson, ces lignes finalement très mélodiques ainsi que la prise de son simple mais rugueuse, le prouvent. Après un Breath Of The Demiurg assez orthodoxe dans l’expression d’un métal de la mort somme toute des plus classique, The Hate Chamber avait fait montre de quelques tentatives pour s'affranchir (avec par exemple le recours à du chant clair), émancipations bienvenues par rapport aux premières Tables de la loi confirmées avec cette nouvelle offrande. Ce besoin de constamment travailler le matériau, de lui injecter diverses influences, est lui aussi révélateur de la vision que Dan Swanö entretient avec l'extrême et qui n’est pas pour déplaire à ses acolytes, bien que Rogga se révèle plus intégriste.
De fait, Slakthus Gamleby aligne huit compositions très intéressantes aux traits séduisants. Certaines sont trouées par des lignes vocales féminines discrètes et bien positionnées, à l’image de "Life Is The Coma", néanmoins un des titres les plus bruts du lot, ou du lent "From Laughter To Retching" dont les premières mesures rappellent que Swanö fait partie de la famille Katatonia (il a notamment tenu la batterie sur Tonight’s Decision). D’autres se voient éclairées par les interventions tout aussi parcimonieuses d’un chant clair masculin ("Travellers Of The Vortex", strié de riffs obsédants) ou accostent des terres aux confins du Heavy Metal ("The Cold Hand Of Death") ou plus franchement progressives ("Cold Skin", ou bien les claviers qui colorent "Slakthus Gamleby" par exemple) qui par ailleurs ne surprend pas de la part de l'ancien Edge Of Sanity .
Il s’agit en définitive d’une excellente surprise car Demiurg délivre enfin un album à la hauteur des espérances que l’association de ces grands noms du Metal extrême européen avait suscitée il y a quatre ans. Etonnamment, c'est en poliçant son art, qu'il y parvient...