A Mind’s Portrait mettait en lumière le talent d’un jeune musicien multi-instrumentiste, Richard Hinks avec son groupe Aeon Zen. Deux ans plus tard, le précoce Anglais refait parler de lui avec The Face Of The Unknown. Comme avec son précédent album, Richard a quasiment tout fait sur ce disque, mis à part le chant pour lequel il a encore convoqué de grandes voix pour chacun des morceaux. L’excellent Niurk dans sa chronique de A Mind’s Portrait insistait sur le potentiel de cet artiste avec une réserve sur l’originalité et la cohérence. The Face Of The Unknown sera-t-il l’album qui palliera à ces quelques critiques ?
Richard Hinks ne se simplifie pas l’existence en prenant presque autant de chanteurs que de morceaux dans son album et la remarque sur la cohérence de l’album tient en partie à cette considération. Pour ce nouvel opuscule, le choix et l’orientation harmonique des chanteurs sont très bien travaillés de sorte que l’on en oublie presque que six chanteurs se succèdent au micro. Le propos de fond est toujours le métal progressif pratiqué par bons nombres de groupe talentueux, de Pagan’s Mind à Dream Theater en passant par Shadow Gallery. Le premier morceau propose d’ailleurs un condensé de métal progressif bien ciselé. "Salvation" explore pendant plus de dix minutes les grands thèmes du genre avec beaucoup de mouvements rythmiques et des parties instrumentales grandioses. Tout ça ne révolutionne pas les fondements du progressif mais la capacité du jeune musicien à se baser sur un socle musical stable est indéniable. Hinks sait composer les bons riffs de guitare qui restent bien en mémoire avec parfois le sentiment d’avoir déjà entendu ça quelque part ("Natural Selection" ou "The Heart Of The Sun").
D’autres moments attireront plus l’attention avec la belle ballade mid-tempo, "Crystal Skies" qui prend le temps pour se développer avec de longues plages plus puissantes, "The Face Of The Unknown" et ses claviers vintage du meilleur effet, ou le condensé de puissance avec "Visions". Le pendant de l’utilisation du clavier estampillé prog est incarné par la forte présence du piano dans ce qu’il a de plus pur ("Start Over" ou "You’re Not Alone") et les ambiances sont très diversifiées avec l’inévitable son moderne ("Redemption’s Shadow"), la coloration rock-prog des années 70 ("You’re Not Alone"), ou la moiteur noire avec riffs en acier trempé ("Sacrifice").
Bien que le métal progressif soit à la fête ces temps-ci avec des sorties très impressionnantes d’originalité (Haken par exemple), Aeon Zen joue la carte d’un classicisme très bien mené. On ne trouvera donc pas une originalité époustouflante dans ce Face Of The Unknown mais seulement (et c’est déjà beaucoup) un très bon album de métal progressif. Richard Hinks a choisi une belle brochette de chanteurs pour amener de la variété et ses choix se sont avérés payant par une certaine uniformité de timbres qui donne encore plus de cohérence à l’album. Les progrès entre les deux albums sont notables et rien ne semble empêcher Richard Hinks d’évoluer vers une musique plus originale maintenant que les fondamentaux sont clairement acquis.