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En 1989, alors qu’une vague Hard Rock / Heavy Metal vient de déferler sur les Etats Unis, il est de bon ton pour les maisons de disque d’avoir dans leur catalogue la relève (ou la copie conforme) des Mötley Crüe ("Girls Girls, Girls" sort en 87), Bon Jovi ("New Jersey" sort en 89) ou bien The Cult ("Sonic Temple" sort en 89), qui sont alors au sommet de leur notoriété ou de leurs ventes. Le manager Harold Doc Mc Ghee, tout auréolé des récents succès de ses poulains de l’époque (Skid Row, Bon Jovi, Mötley Crüe), recherche alors à dupliquer sa formule en jetant son dévolu sur un jeune groupe du Missouri qu’il fait signer par CBS et à qui il fait enregistrer un premier album sous la houlette d’Andy Wallace (alors producteur de The Cult).The Front est né sous de bons hospices et la qualité des fées qui se sont penchées sur son berceau aurait du être un gage de réussite. Le groupe était donc programmé pour exploser à la face du monde et embrasser les succès sans connaître les affres d’une lente, difficile mais respectable ascension. Heureusement, la morale fut sauve et ce premier essai éponyme fut également le dernier pour le groupe qui changea de nom puis sombra vite dans l’anonymat. Cette petite fable à l’issue bien morale aurait de quoi satisfaire notre soif de justice, si l’album en question n’était pas tout bonnement excellent.
En effet, les 10 titres présentés ici, évoluent tous dans une veine Rock très énergique et fortement teinté d’ambiances seventies. Dès l’intro aérienne et distordue de "Fire", suivie d’un riff très Rock auquel se greffe la gouaille de son chanteur, on comprend que le voyage musical sera varié et intéressant. Les sonorités très vintages de clavier et le phrasé si nonchalant de Michael Franano donnent une saveur toute particulière à l’ensemble. Un mélange de mélancolie et de gaité passé au tamis des ténèbres. Pas facile à visualiser ? Soyons un peu plus explicite: le groupe propose une combinaison très bien maîtrisée de refrains accrocheurs et enjoués, de mélodies envoutantes et de sonorités nostalgiques. Les univers des Doors, de Led Zepellin, de The Cult et du Velvet Underground ne sont en effet jamais très loin. L’ensemble déborde de personnalité et de cohérence, et donne le sentiment que les morceaux présentés ici ont été longuement rodés par le groupe (ce qui n’est pas du tout le cas, ce dernier n’ayant que très rarement joué en live avant d’enregistrer) de sorte qu’ils se déroulent d'une manière logique et naturelle.
Ainsi, "Ritual", un des titres forts de ce disque, présente t'il un chanteur au phrasé passant de la morgue à la passion, le tout sur un lit de sonorités faisant se succéder des claviers planants, des violons et des guitares puissantes et volubiles, le morceau montant progressivement en intensité tout en alternant les ambiances sur fond de rythmique pesante. "Sin" et sa construction originale qui fait la part belle aux chœurs, est un peu de la même veine. Dans un registre très différent et assez proche de l’univers de The Cult, "In The Garden" se révèle être un morceau dynamique et enjoué, tout en développant une saveur toute seventies. C'est également un peu le cas avec "Sunshine Girl" qui renvoie lui aussi à un Rock seventies insouciant et léger. On titille même les ambiances progressives avec un magnifique "Sweet Emotion" au final éthéré et inquiétant.
La chose la plus remarquable est que cette variété d’ambiances et de styles ne nuit pas du tout à l’harmonie de l’ensemble et que bien au contraire, une identité très forte se dégage du groupe comme du disque. Une personnalité et une inclinaison artistique qui jaillissent à chaque moment et semblent incrustées dans chaque parcelle de ces 10 titres. Le seul défaut que l’on pourrait à la rigueur trouver à cet unique album (album unique ?) tient probablement aux textes des chansons. On oscille ici entre du très léger et superficiel, et des paroles plus obscures qui ne semblent pas posséder de signification particulière. Mais, et surtout pour des Français, ce petit détail n’est pas de taille à faire obstacle au plaisir que procure ce petit bijou qui ne mérite qu’à être dépoussiéré.
Plus d'information sur
http://www.michaelfranano.com/
LISTE DES PISTES:
01. Fire - 04:32 02. Sunshine Girl - 04:23 03. Pain - 03:03 04. Sweet Addiction (segue) - 05:03 05. Ritual - 07:12 06. Le Motion - 04:10 07. Sister Moon - 02:44 08. In The Garden - 02:33 09. Violent World - 06:44 10. Sin - 05:51
FORMATION:
Bobby Franano: Claviers Michael Franano: Chant / Guitares Randy Jordan: Basse Shane Miller: Batterie
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