Nous venant tout droit de Hongrie, un personnage méconnu devrait attirer l'attention de tous les fans d'un autre groupe très atypique beaucoup plus rodé : Jethro Tull. Non pas que sa musique en elle-même soit forcément influencée par celle de Ian Anderson mais plutôt du fait de la prédominance permanente de la flûte traversière sur ce Musical Witchcraft II – Utopia.
Attila Kollar, membre du groupe hongrois Solaris, auteur d'une dizaine d'albums depuis 1980, est un flûtiste au jeu assez typique dans le domaine du rock progressif, c'est-à-dire tel que le rejette systématiquement le milieu de la musique classique : prenez un jeu naturel, brut, sans y ôter le moindre défaut dans la sonorité et vous serez immédiatement mis au ban des grands orchestres mais vous intéresserez particulièrement le rock progressif.
C'est ce qui se passait avec Ian Anderson et Attila Kollar suit cette même voix, nous servant ainsi une musique instrumentale dans laquelle se mêlent rock et sonorités moyenâgeuses.
Utopia est donc un album qui, du début à la fin, mêle habilement ambiances de tavernes, comme sur le splendide "Feast On The Tournament", et rock pur ("At The Light Of The Stake's Fire"), voire quelques incursions discrètes dans des ambiances plus jazzy, à l'image de "The Tower's Room Lost In The Fog".
Dans l'esprit, il est cependant clair que le côté purement instrumental va en dérouter certains qui pourront clairement lui reprocher un manque de variété, comme si tout avait été dit dès les deux ou trois premiers morceaux.
Cet album attirera vraisemblablement beaucoup plus ceux d'entre nous qui se sont intéressés au rock progressif parce qu'il leur semblait une bonne alternative entre rock, musique classique et jazz.
Tout le travail est en effet axé ici sur la qualité musicale brute des compositions, la production correcte mettant en avant plus le feeling des musiciens que la technique, globalement très limitée puisque le but n'est absolument pas d'en faire des tonnes.
Musical Witchcraft II – Utopia est donc un album reposant, de qualité, nettement orienté vers le rock progressif tel qu'il se pratiquait à sa naissance : avec sentiments et passion avant tout, pour la beauté de la musique plus que pour la démonstration de virtuosité, même si quelques solos bien sentis vous apporteront leur lot de frissons.