Les Néerlandais du groupe Us font dans le progressif à tendance symphonique depuis de très nombreuses années. Cette entreprise familiale (trois Wernars dans le line-up) s’est adjoint pour ce Feeding The Crocodile les services d’un batteur en la personne de Joris ten Eussens. Pour autant, le groupe quittera-t-il un style assez daté et sans grande innovation qui était le sien lors de ses précédents opus ?
Cet album ne comporte que trois plages, dont un gros epic de 42 minutes et 53 secondes (le morceau-titre). De quoi allécher l’amateur de développements alambiqués... ou faire fuir tout détracteur du style néo-progressif !
Ici, c’est certainement la fuite qu’il faut privilégier. Pour faire court - car pour qu’une exécution soit supportable, elle doit être la plus brève possible - l’ensemble de ce Crocodile est très pauvrement composé, mal chanté, sommairement mis en musique et coulé par une production totalement indigne des canons actuels. Rien à sauver dans ce qui apparaît comme un pauvre brouillon, sans idées et mal exécuté. A l’écoute de ce pensum, l’auditeur, dont on louera la persévérance s’il tient jusqu’au bout, ressentira un grand sentiment de colère et pestera contre les méfaits d’une telle autoproduction qui autorise la parution d’un pareil empilement d’inepties musicales. Le ressentiment culminera vers le milieu de "The Winds Of March", ou les compositeurs s’essaient à une imitation du cultissime "Apocalypse In 9/8" de Genesis. Le 9/8 n’est déjà pas un rythme facile, mais quand il est joué en dehors des temps, cela devient tout à fait insupportable.
Afin d’oublier cette erreur discographique, il serait judicieux , comme le suggère le titre, de la faire ingérer par quelques sauriens. Us go home !