Beaucoup de bruit pour rien. C’est le nom d’une œuvre de Shakespeare et accessoirement d’un excellent film de Kenneth Branagh. Cela pourrait aussi être la définition de ce nouvel étron des Polonais de Magnus qui reviennent tout fracasser après un hiatus de quinze ans environ. Le groupe prouve que le talent ne se mesure pas toujours au nombre d’années.
Magnus jouit du statut respectable de vétéran d’un métal extrême qui fait bouillir dans la marmite rouillée tous les ingrédients pour faire peur aux petites vieilles : du Thrash primitif, du Death aux relents de boyau et une petite louche de Black Metal. A l’instar de beaucoup de ses compatriotes du genre, Magnus fonce pied au plancher, avale les notes à la vitesse d’une fusée V2 et ne fait en toute logique aucun prisonnier. C’est du bourrin, du gros rouge qui tâche sans finesse (ou si peu) ni inspiration. Acceptance Of Death aligne treize missiles en moins de quarante minutes. Ca va donc très vite, mais n’est pas Slayer qui veut et ce disque n’est pas un Reign In Blood par exemple. Il n’en possède pas l’intensité épidermique.
Reconnaissons au moins aux Polonais, qui ont dû prendre du Viagra par boîte de 12, qu’ils n’ont rien perdu en vigueur et en fureur, ni une certaine habilité dans les tempos lourds. Les modelés tranchants et malsains leur réussissent plutôt bien, à l’image de la doublette "Spirit" et "Essence", ou bien encore de "Mournful Song" . De même, l’intro de "When You Rest 6 Feet Under" déroule des ambiances pesantes, ouvre le cercueil d’où on aurait toutefois aimé que s’échappe autre chose que cette bile agressive sans saveur. Dommage!
De fait, si par moment, certains passages fugaces relèvent le niveau général de Acceptance Of Death, ceux-ci ne suffisent pas à le sauver d’un ennui certain. Mais de toute façon, que fallait-il attendre de Magnus qui n'a jamais réellement brillé, éternel sous Sepultura/Sodom et j’en passe ? Le groupe livre ce qu’il sait faire et n’a pas bougé d’un iota depuis la première moitié des années 90. Ceux qui le connaissent savent donc de quoi il retourne…