Lorsque l’on a fait partie intégrante de Manowar, peut-on faire autre chose que du True Heavy Metal ? Peut-on vivre autrement qu’entouré d’épées plus ou moins magiques, de royaumes naissant ou bien en perdition, de Dieux belliqueux et d’hymnes guerriers ? Peut-on éviter les poncifs du genre, les textes primaires, les riffs usés, les chœurs coutumiers ? Et surtout, peut-on avoir une once d’humour, un minimum de distance avec son œuvre ?
Pas sûr que ce second album solo de Ross The Boss apporte une seule réponse positive à toutes ces questions. En effet, ce "Hailstorm" de l’auto proclamé Guitariste légendaire plus connu comme l’un des fondateurs de deux groupes révolutionnaires ne possède pas plus de trace d’humour, que d’originalité.
Prévisible jusque dans sa pochette, ce disque ne comporte aucune surprise, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Les fans apprécieront le véloce et efficace "Hailstorm", le plus Rock'n'Roll "Burn Alive", ou bien le lourd "Among The Ruins" qui voit Patrick Fuchs varier un peu son chant. Ils loueront, à juste titre, les belles parties de guitare de "Behold The Kingdom" et la prestation générale de Matthias Mayer à la batterie. Ils salueront le son très dynamique de l’ensemble et jureront que l’esprit de "Hail To England " et "Sign Of The Hammer" est ressuscité pour la plus grande gloire de Manowar.
Les autres, entre deux bâillements gênés, prendront un plaisir (le mot est un peu trop fort) furtif et anodin à voir défiler cette succession de titres interchangeables et déjà mille fois écoutés. Ils seront forcés de reconnaître que ce disque a une indéniable odeur de savoir-faire, mais que celle-ci ne parvient pas à recouvrir les exhalaisons d’ennuis et de redite qui s’en échappent également.
Peut être qu’avant de passer à quelque chose de plus surprenant, ils s'étonneront à se demander quel peut être l’intérêt de sortir un tel disque en 2010. S’ils sont dans un bon jour, ils conviendront que cette fidélité à un style de prédilection est louable. Plus probablement, ils fermeront ce chapitre en décrétant que la nostalgie à bon dos mais qu’elle ne doit pas servir à justifier cette accumulation de clichés.