Sorti de l’ombre il y a seulement deux ans avec un premier Ep trois titres, Mytho s’installe aujourd’hui au sein de la scène progressive italienne grâce à un premier long format, "In The Abstract". Guidé par les voix de la modernité, ce quartet s’est armé d’un duo de guitares et de synthétiseurs afin d’émettre leur musique au-delà de la chaîne alpine. Un résultat qui aura a posteriori la conséquence de napper leur musique d’un voile suranné, un peu à l’image de leur pochette.
Sur une rythmique mid-tempo imposée d’un bout à l’autre de l’album, Mytho va et vient entre plans de guitares légères parfois groovy, quoique souvent itératives, et synthétiseurs aux sonorités à la limite du désuet (comme sur l’introduction de "Alpha Centauri") mais qui ne peignent que des ambiances aimables, limites atones.
Et c’est bien ce qu’il ressort de plus concret dans "In The Abstract": le manque de vigueur des mélodies et la sensation que les musiciens, ainsi que Marco Machera derrière son micro, ne font que s’exécuter froidement, sans véritable envie de se sublimer. John Payne (ex-frontman d’Asia) viendra heureusement mettre un coup de pied de sa voix énergique dans une fourmilière trop attentiste sur "New Gemini's Rising", morceau de loin le plus intéressant de ce neuf pistes avec son solo final très gilmourien assez réussi.
Chacun est bien en place, la production est claire, laissant chaque protagoniste s’exprimer à sa guise, mais il semble que personne ne cherche à ébranler une entreprise jamais désagréable mais continuellement monotone à l’instar de la ballade à la mélodie psalmodique "These Words Are In My Heart". Ceci dit, quelques fulgurances fusent sporadiquement entre des chœurs ou quelques accords, voire soli de guitares bien choisis, mais une impression tenace persiste au niveau de l’uniformité de l’ensemble.
Mytho pourrait s’approprier un passeport pour la principauté d’Endort tant cette pilule de trois quarts d’heure assoupit à la longue. Dommage car le potentiel se sent, même si au final on ne détecte pas vraiment de quoi changer la donne du progressif. Un premier essai malgré tout sympathique par certains aspects bien que pas vraiment concluant, qui demandera sans doute plus d’investissement de chacun dans le futur.