Christian Décamps l'avait annoncé : le jour où un album se verrait affublé du nom du groupe en anagramme, ce serait la mort annoncé de l'Ange. Et après la parution d'Egna, la prophétie faillit se réaliser. Pourtant, un an plus tard, paraît à la surprise générale Tout Feu Tout Flamme, et comme un symbole, cette nouvelle production s'ouvre sur Tout Feu Tout Flamme, premier single du groupe, rejoué et réenregistré avec les revenants Daniel Haas et Jean-Michel Brézovar, annonçant la reformation du groupe "canal historique".
Cette nouvelle version est le prélude à un album souvent dénigré, que je place pour ma part très haut dans la liste de mes productions préférées du groupe. Outre ce titre magnifié par cette interprétation, les frères Décamps nous proposent, avec le concours de collaborateurs rescapés de la décennie en cours, une palette de plages évoquant tour à tour le meilleur de cette période : résolument rocks dans la mouvance Vu d'Un Chien (Tout Contre Tout, ou encore J'Suis pas d'Ici et son évocation de l'affaire Grégory), bardés d'émotions fortes en hommage à leur père disparu peu de temps auparavant (C'est pour de Rire), superbement symphonique avec des accords annonçant la version Ange – "canal fiston" (Sur les Grands Espaces Bleus ou empreintes de poésie désabusée, les sept autres pièces qui complètent cette galette du renouveau relancent de fort belle manière la machine Ange. La tournée qui s'en suivra permettra d'ailleurs au groupe de confirmer ce renouveau artistique, si ce n'est commercial.
Autant vous l'avouer maintenant, Tout Feu Tout Flamme tient une place à part dans ma perception de la discographie d'Ange, puisqu'il s'agit tout simplement de l'album qui m'a permis de découvrir ce groupe, avec tout le bonheur qui en a découlé depuis plus de 20 ans maintenant. Disque décrié et pas forcément reconnu à sa juste valeur, il apparaît comme le parfait très d'union entre la période contrastée sur le plan artistique des années 80, et la fin de la première époque d'Ange, avant que les Fils ne viennent prendre le relais au milieu des années 90. Mais ceci est une autre histoire…