Unwritten Pages fait partie de ces concepts qui réunit autour d'un noyau restreint (Frederic Epe, Michel Epe et Glenn) des artistes venant d'horizons divers, le temps d'un album. Ainsi retrouvons-nous au détour de "Noah" des interprètes tels que Damian Wilson (Threshold, Ayreon), Karl Groom (Threshold, Shadowland), Davy Mickers (Stream Of Passion, Ayreon) ou encore Alejandro Millán (Stream Of Passion).
"Noah" est un concept album racontant l'histoire futuriste d'un jeune homme (sans nom ?) et de son amie Maria (Tiens, ça rappelle quelque chose !) déchirés entre deux factions rivales (les Sharks et les Jets ?) sur la planète Mars. Certes, il s'agit de musique, pas de littérature, mais le scénario n'est guère original. Et c'est là le grand défaut de ce double CD. Car la musique n'est malheureusement pas plus originale que l'histoire ou que le concept général du projet, rappelant furieusement l'Ayreon d'Arjen Anthony Lucassen. Mais toute comparaison s'arrête là avec le compositeur néerlandais, car si ce dernier arrive à créer l'alchimie entre les différents musiciens qu'il invite et propose toujours des œuvres d'une grande cohérence, ce n'est pas toujours le cas d'Unwritten Pages.
Ainsi, "Noah" est un curieux mélange de rock spatial et de métal mélodique, avec une nette prédominance pour ce dernier style musical. Dès le prologue, passée la courte intro, la messe est dite : riffs de guitares bien lourds à défaut d'être dévastateurs, chant en puissance, excluant tout espoir de nuances, le voyage ne va pas être de tout repos. Côté claviers, les synthés sont de sortie et viennent pimenter parfois de sonorités très exotiques certains titres. Il est vrai que l'histoire se passe sur Mars, mais les fusées qui sortent parfois des claviers de Frederic Epe prêtent à sourire. Nous pourrions presque reconnaître le son de l'orgue Bontempi de notre enfance sur "Royalty & Conspiracies".
Hormis "Red Ashes", "Deimos Theme" et "Blowing Red Ashes", tous les titres dérivent d'un métal peu transcendant et manquant d'intérêt mélodique. Même la ballade qui permet de se reposer les oreilles, figurant dans tout disque de métal qui se respecte, est présente avec "Unexpected Twists & Turns", un titre assez réussi. Quant aux trois exceptions, "Red Ashes" est un instrumental gorgé de synthétiseurs et d'orgues sombres et dramatiques, entrecoupés de batterie et de guitares furieuses, rare titre à réussir à créer une ambiance. "Blowing Red Ashes" nous fait partager un chant masculin retenu (une fois n'est pas coutume) et triste, et quelques notes rafraîchissantes et cristallines de piano. Un titre assez curieux.
Mais, dans le domaine des bizarreries, la palme revient sans conteste à "Deimos Theme", tout droit tiré de "West Side Story" remixé avec des synthés. Si Frederic Epe n'est pas un fan de cette comédie musicale, ou du "Roméo et Juliette" de Shakespeare qui l'a inspirée, la coïncidence est extraordinaire.
Malgré une bonne volonté évidente de bien faire, des interprètes irréprochables et quelques bonnes idées, l'ensemble est trop inégal et sans véritable attrait pour susciter plus qu'une écoute polie.