Quand on a, d’une part un père pour qui Life Magazine a inventé, il y a bien longtemps, le terme teen idol (idole des jeunes) pour avoir été un des plus grands artistes de Rock des années 50-60, avoir vendu 60 millions d’albums et trusté trois fois la première place des charts, et d’autre part des grands-parents qui, après avoir fait partie d’un big-band ayant également obtenu cette place enviée en 1934, ont été les protagonistes du sitcom-live ayant eu la durée de vie la plus longue de la TV américaine, il est conseillé de retrousser ses manches pour ne pas devenir le looser de la famille.
Les jumeaux Nelson ont, de ce fait, pris leur fierté à deux mains et ont sorti, en 1990 "After The Rain", un album triple platine dont a été extrait un single "(Can't Live Without You) Love And Affection", qui se classa N°1 des charts en 1991. La boucle fût ainsi bouclée et permis à la famille d’entrer dans le livre Guinness des records pour être la seule famille ayant vu trois générations d’affilée obtenir cette distinction.
Une demi-douzaine d’albums suivit et, vingt ans plus tard, sort le petit dernier, 8ème rejeton, dénommé "Lightning Strikes Twice". Mais qui connaît aujourd’hui le patronyme de Nelson ? L’Amiral oui, Mandela certes, mais Gunnar (chant et guitare) et Matthew (chant et basse) ? Parce qu’il faut bien l’avouer, les albums des chérubins qui cartonnaient fût un temps en Californie, n’étaient même pas distribués à leurs débuts dans tous les Etats du pays de l’Oncle Sam, alors l’Europe…L’Europe, vieux continent pour qui l’AOR reste encore aujourd’hui trop souvent un sigle obscurément abscons.
Car c’est bien d’AOR dont il est question ici, du Hard Rock de gentils garçons, rien qui ne vrille les conduits auditifs, de bonnes mélodies et quelques guitares trempées dans du sucre, ça croustille donc un tantinet sous la dent, mais le goût laissé en bouche est doucereux. Pour cela, les jumeaux ont fait appel à trois musiciens ayant traîné leurs guêtres avec quelques pointures. Nous retrouvons à la batterie Bobby Rock (Vinny Vincent Invasion, Nitro et Hardline), à la guitare Neil Zaza (spécialisé dans des reprises de morceaux de musique classique ayant travaillé avec Jordann Rudess – Dream Theater, Steve Smith et Ross Valory – Journey et Michael Anthony – Van Halen), et aux claviers Gary Corbett (qui a joué en concert avec Kiss, Lou Gramm, Aerosmith et sur album avec Joe Lynn Turner). Comme si ça ne suffisait pas, Steve Lukather est venu donner un coup de main sur un titre (la jolie ballade "To Get Back To You").
Mais que dire précisément du contenu de la boîte maintenant qu’elle vous a été décrite par le menu ? Hé bien nous sont ici proposées quelques sympathiques offrandes comme le Bostonien (écoutez le thème résurgent à la guitare) "When You’re Gone", le tubesque "How Can I Miss You" et son démarrage copie conforme du "Doctor Doctor" d’UFO, le Cheap-Trickien "Change A Thing", l’emballant "You’re All I Need Tonight" qui peut également avoir son petit effet sur les gentes dames, le mid-tempo langoureux "Take Me There", le Def-Leppardien "Come", et le percutant et néanmoins mélodieux "Kickin’ My Heart Around" avec ses belles guitares.
Toutefois, quelques morceaux fonctionnent tout de même moins efficacement comme "Call Me" qui démarre de manière attrayante mais qui s’affale ensuite dans un genre Pop-Rock suranné, "Day By Day" qui lui succède dans un style plus appuyé Rock mais qui part en vrille dans l’insipidité de son refrain et de ses chœurs féminins, et "Ready, Willing And Abble" encore plus Rock mais encore plus vieillot. Ces trois morceaux étant placés maladroitement en début d’album, ils pourraient décourager malencontreusement l’auditeur de poursuivre l’examen de cette galette, l’aiguillant sur une fausse piste, car le style musical ici abordé est relativement différent de celui caractérisant les titres qui suivent, hormis "In It for Money" qui s’y apparente.
Synthétiquement, nous sommes donc ici en présence d’un disque tout à fait recommandable sur deux-tiers de ses morceaux et dispensable sur le dernier tiers. Ne restez toutefois surtout pas bloqués sur ce petit handicap car vous risqueriez de manquer les bons moments d’AOR/FM que vous proposent les jumeaux Nelson qui jouent ici des prolongations dignes d’intérêt.