Arrêtez-le ! Depuis qu’il a brisé son silence il y a trois ans, Martin van Drunen semble vouloir rattraper le temps perdu. Entre la résurrection acclamée du cultissime Asphyx et la mise en branle de Hail Of Bullets, c’est donc régulièrement que l’on peut de nouveau, et avec plaisir, goûter la voix comme frottée avec du papier de verre du Hollandais violent.
Personne ne se plaindra de cette frénésie créatrice et ce, d’autant plus que la réussite est, pour le moment, toujours au rendez-vous, quand bien même il est permis de s’interroger quant à l’utilité de mener de front deux groupes finalement pas si éloignés que cela l’un de l’autre. Car si Asphyx (où joue également le gratteux Paul Baayens) se veut clairement plus Doomy, Hail Of Bullets en se rapprochant parfois franchement d’un Bolt Thrower ("Full Scale War") aussi bien pour le concept guerrier qui le guide que pour son Death lourd et rampant comme un Panzer, aime lui aussi serrer le frein à main et ne pas trop dépasser la seconde.
Ceci étant dit, accueillons comme il se doit On Divine Winds, seconde campagne militaire des Bataves abordant cette fois-ci la guerre du Pacifique après le front russe. La recette est la même que sur … On Frost And War, soit un métal de la mort old-school forgé par de vieux briscards de la scène extrême européenne qui connaissent toutes les ficelles du genre sur le bout des doigts. Ajoutez à cela pour le mastering, le mercenaire de la prise de son, Dan Swanö, et vous comprendrez que l’on tient là un album (forcément) super efficace qui a peut-être même plus de charme de que son prédécesseur pourtant déjà imparable.
Hail Of Bullets a quelque chose d’une mitrailleuse que rien ne vient enrayer ; elle crache des salves nerveuses à un rythme implacable et pesant. Passé une intro inutile, les cartouches sont tirées, toutes semblables ou presque, oscillant entre Blitzkriegs mortifères ("Operation Z", "Strategy Of Attrition", "Guadalcanal") et reptations boueuses dans les tranchées ("The Mukden Incident", "On Choral Shores").
A l’Ouest rien de nouveau, si ce n’est peut-être les atours plus mélodiques du final "To Bear The Unbearable" ; le terrain est connu mais ce n’est pas grave. Cette équipe de mercenaires livre ce qu’on attend d’eux, un Death Metal ultra heavy et qui fait trembler le sol sur son passage. Une question toutefois : combien de temps le groupe et à fortiori le chanteur, pourront-ils conserver cette cadence sans se répéter ou lasser ? Ne risque-t-on pas non plus d’avoir une indigestion de Martin Van Drunen même si on adore son chant d’écorché ?