Malgré une carte de visite impressionnante au niveau des groupes dans lesquels il a joué (Rob Rock, Bruce Dickinson…) on ne peut pas dire que le clavier Giuseppe Iampieri, dit Mistheria, ait beaucoup fait parler de sa carrière solo avant que n’arrive ce cinquième disque, "Dragon Fire". Il faut dire qu’une fois sorti des disques instrumentaux, notre homme n’a guère brillé, "Messenger Of The Gods", sorti en 2004 était médiocre et fut rapidement oublié tant il sonnait comme une très mauvaise copie d’Yngwie Malmsteen avec des guitaristes peu inspirés.
Avec "Dragon Fire", notre homme s’est un peu calmé sur le casting des invités, plus de trente sur le disque précédent, se contentant, si l'on ose dire, de quatre guitaristes et cinq chanteurs. Musicalement sans surprises, le tout évolue toujours dans un speed métal néo classique et encore très fortement inspiré par Malmsteen, mais cette fois le résultat est nettement meilleur. Mistheria a privilégié avec intelligence les chanteurs, certains se font une belle place au milieu du déluge de notes de claviers et de guitares. De fait, les treize titres au programme se laissent écouter et devraient plaire aux amateurs du genre et quelques-uns uns même arrivent à tirer leur épingle du jeu en grande partie grâce à leur chanteur.
Ainsi, "Lies & Deception", avec Rob Rock au micro, se présente comme le meilleur titre de l’album avec son air et son refrain imparables. Rock y est très à son aise dans son style puissant mais toujours mélodique, et il accompagne bien une musique technique mais qui évite la surenchère. Ce sont ensuite les titres chantés par John West (Artension, Royal Hunt) qui attirent l’attention, car "Killing The Pain", "Now It’s Never", "The Power Of One", ou encore le bien heavy "The Beast", confirment que notre homme reste un chanteur hors pair, épique et mélodique, capable de transcender n’importe quelle chanson. Et de fait ces quatre chansons bénéficient nettement de sa présence en contrebalançant bien la musique.
Il y a certes quand même des maladresses quand les chanteurs n’ont pas forcément le même talent. Titta Tani ou Lance King n’arrivent par exemple pas à se faire remarquer. Le clavier de Mistheria est alors bien trop mis en avant et déséquilibre souvent les chansons. De plus, nos amis guitaristes en font parfois un peu trop dans le style néo classique, singeant Malmsteen sans âme. Enfin, quelques interludes classiques font un peu sourire tant elles sont téléphonées et maladroites. On pensera par exemple à "Chopin Fantasy", instrumental assez bancal.
Malgré tout, ce "Dragon Fire" est un album assez honnête et plaisant à écouter. Il ne révolutionne bien sûr pas un genre où tout semble avoir été dit depuis bien longtemps, mais il témoigne d’un certain savoir-faire. Et avoir dans un même album John West et Rob Rock fait assez plaisir et pourrait convaincre Mistheria à l’avenir de ne faire appel qu’à l’un des deux au lieu de multiplier maladroitement les invités. Il y a en tout cas de quoi ravir ici les fans d’un Malmsteen un peu perdu ces derniers temps et qui auront de quoi se rassasier un peu.