K², le projet lancé par Ken Jaquess au début des années 2000, nous offre un deuxième opus très attendu 5 ans après The Book Of The Dead. 5 ans pendant lesquels K² s'est construit un line-up stable qui s'est rodé en tournée. Le décès de Shaun Guerin avant la sortie du premier album aurait pu compromettre la survie du projet, mais Ken Jaquess a su lui trouver un remplaçant de talent en la personne de Josh Gleason, chanteur de The Waiting Room, un Genesis tribute band.
Ryo Okumoto le génial claviériste de Spock's Beard et Doug Sanborn à la batterie, les deux autres rescapés de la première formation, se sont vus adjoindre un élément de valeur à la guitare: Karl Johnson, moins connu que son prédécesseur Allan Holdsworth mais loin d'être manchot. Le seul regret que l'on peut avoir, c'est l'absence du violon magique d'Yvette Devereaux. Si The Book Of The Dead avait pour toile de fond l'Égypte ancienne et ses mystères, avec Black Garden Ken Jaquess nous entraîne sur les traces des anciens Polynésiens qui voyagèrent sur de frêles esquifs à travers l'Océanie, plus de 2000 ans avant que Christophe Colomb ne traverse l'Atlantique.
Le titre éponyme ouvre l'album sur une ambiance orientale sur laquelle la voix gabrielienne de Josh Gleason s'envole telle celle du muezzin qui appelle à la prière. A la première écoute, on pourrait bouder son plaisir en n'entendant que le coté clone de Genesis, comme un The Watch de plus, mais ce serait passer à coté de passages fantastiques. Les claviers de Ryo et la guitare de Karl rivalise d'ingéniosité pour faire décoller des compositions passionnantes. Les deux premières plages nous offrent 18 minutes d'un néo-prog genesisien survitaminé.
Entre deux titres plus intimistes, "Widows Watch" au chant plus collinsien et le très court "Summer's Fall", s'intercalent deux pièces ("Encounter Of Absence" et "Storm At Sunset") qui sont trop proche de The Watch (surtout au niveau du chant) pour vraiment emporter l'approbation de l'auditeur, et pourtant elles sont émaillées de quelques fioritures aux claviers qui sauvent du plagiat total. Heureusement que "Path Of The Warrior" vient clôturer l'album avec la même âme qui habitait les deux premières pistes. On retrouve la voix plus gabrielienne, les soli de guitare qui emmènent bien haut, les nappes de claviers généreuses. Pour ne pas faire de jaloux, il faut saluer l'efficacité de Ken Jaquess à la basse et de Doug Sanborn à la batterie, qui forment une section rythmique infaillible.
Black Garden laisse donc un peu sur sa faim à cause de ce petit manque d'inspiration de la partie médiane de l'album. Mais ce diabolique Ken Jaquess a su s'entourer de musiciens de grande classe qui tirent vers l'excellence les compositions les plus faibles. Moins réussi que The Book Of The Dead, ce deuxième opus de K² mérite quand même toute l'attention des amateurs du genre.