Pour certains, le premier album de Saga est l'archétype même du disque qui vieillit extrêmement mal. Pour d'autres, il s'agit plutôt de l'exemple parfait d'un excellent premier album, annonçant la couleur dès le début et permettant d'espérer une carrière longue et prolifique.
En ce qui concerne la carrière longue et prolifique, il suffit de rappeler que les canadiens de Saga sont toujours bel et bien présents 25 ans plus tard pour confirmer que les espoirs que l'on pouvait avoir à l'écoute de ce premier opus ont été largement justifiés par la suite des événements.
Mais sur le sujet du style même de la musique de Saga, il faut bien avouer que leurs détracteurs ont des raisons de parler de vieux son : en 1978, l'électronique n'est pas encore utilisée comme elle le sera durant la décennie suivante et, si les abondances de claviers typiques de Saga pouvaient paraître révolutionnaires et originaux à l'époque, il est difficile aujourd'hui de ne pas penser en les écoutant aux tubes bien mièvres qui ont bercé notre enfance.
Un exemple : le début du premier morceau, "How Long ?". Ce morceau a beau être l'un des meilleurs de Saga, il faut bien admettre qu'une telle introduction sonne un peu "1982 : boom du samedi soir dans le garage de mes parents".
Mais il est clair d'un autre côté que cet album est l'un des meilleurs de Saga et qu'ils ont défini un style dont ils s'éloigneront rarement par la suite, basé essentiellement sur ce duo caractéristique guitare-claviers et une production très travaillée.
De ce fait, certains titres de ce premier opus sont absolument incontournables : "Humble Stance", tout d'abord, qui, avec son rythme sautillant, ne peut laisser de marbre et enflammait encore Paris l'année dernière.
Et c'est également sur cet album que l'on trouve "Climbing The Ladder", "Give 'Em The Money" et "Ice Nice", trois morceaux que l'on peut qualifier honnêtement de rock progressif électronique. Tout y est, de la voix chaude et envoûtante de Michael Sadler aux alternances entre phrases posées, presque discrètes, et riffs ou solos agressifs.
Certes, les sons ont vieilli mais le talent est là et par beaucoup d'aspects, Saga n'a pas à rougir de son premier album qui tient bien la comparaison avec des productions beaucoup plus modernes.