Trans Siberian Orchestra est une sorte de super groupe (plus de trente musiciens y sont passés dont Alex Sholnick, Al Pitrelli, Chris Caffery et plus récemment Jeff Scott Soto) qui a vu le jour en 1996 sous la houlette entre autre de Jon Oliva, et qui possède déjà 6 albums à son actif. Et très curieusement, cette nouveauté 2010 au catalogue de chez Sony existe depuis maintenant 10 ans.
Le TSO qui, bien qu’inconnu en France, rempli régulièrement des stades de l’autre côté de l’Atlantique, a en effet publié Beethoven's Last Night en 2000, soit son second album après un premier dédié aux chants de Noël. Nous n’épiloguerons pas sur les raisons de ce retard mais sachez qu’une tournée européenne est en préparation et qu’un tel appât peut attirer le chaland.
En toute logique, les fans de Savatage ou de musique excentrique connaissent sans doute le groupe, voire même l’album. Mais soyons clair, si Oliva signe de nombreuses compos, touche aux claviers et à la basse, tient le chant (sous le rôle de Méphistophélès) et se voit accompagné entre autre de Caffery et Pitrelli, ceci n’est pas un album de Metal ! Pas même un album de prog’ à la Ayreon ! Allez, "Misery" peut être avec ses guitares et sa rythmique crunchy mais c’est tout.
Beethoven's Last Night est plutôt un véritable Opéra à l’orchestration pompeuse et grandiloquente, parsemé de touches de guitare ("A Last Illusion", "The Dark", "Beethoven"…). Et s’il ne faut qu’un mot pour définir le présent album, c’est bien Grandiloquent ! Pas moins de neuf chanteurs ou chanteuses se partagent les rôles (sans compter les chœurs), la liste de la section de cordes et autres instruments classiques est longue comme le bras, et tout y est Larger Than Life. Les chanteurs roulent les R à qui mieux mieux, se la jouent tragiques, et chaque titre déborde d’ambiances parfois sombres et froides (mais toujours proprettes), parfois débordantes de couleurs.
Après une première partie très lyrique et fort agréable (joutes verbales entre Beethoven, Méphistophélès et compagnie), la suite déballe le grand orchestre. On découvre alors des extraits d’œuvres de Beethoven et même de Mozart comme ce "Für Elise" très compil classique offerte pour l’achat d’un camembert . Mais, et le fidèle de Music Waves frémit, on y trouve par moment une musique plus électrique comme ces versions guitare des grandes symphonies de l’artiste avec "Beethoven" (doté d’une rythmique), "Figaro", le fameux "Requiem", mais aussi certains passages de "A Last Illusion".
Là où le bât blesse, c’est que dans un triste souci de complaisance, le "Requiem" est interprété sans le moindre côté tragique, sans âme presque. Et c’est comme ça sur toute la ligne. Il y a de la guitare mais pas trop fort pour ne pas gêner les puristes d’Opéra, il y a un orchestre mais point trop vibrant pour ne pas faire fuir les métalleux, puis il y a un scénario sympa mais pas trop torturé pour ne pas filer des maux de tête à chacun. Bref, rien ne semble assumé à fond, et c’est ce qui rend notre Beethoven bancal en plus d’avoir plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes (dixit Haydn vers 1793, un peu de culture ne fait jamais de mal).
Dans ce joli paysage en demi-teinte, Patti Russo (Theresa, la copine de Ludwig) tire brillamment son épingle du jeu, apportant vraiment du corps à l’ensemble comme sur "I’ll Keep Your Secrets". Il en va de même quand l’orchestre laisse place à un simple Grand Piano pour soutenir le chant ("Who Is This Child").
Sans jamais atteindre une fois le coup génie, cet Opéra porté et centré sur les voix (toute la réussite est là !), se partage entre touchant et too much. Les dernières livraisons studio se veulent bien plus équilibrées. Pour les mordus uniquement !