Si vous n’avez qu’un album de Jazz Rock façon XXIème siècle à posséder c’est bien celui-ci ! La meilleure raison, c’est sans doute car vous avez dans ce duo de guitaristes deux références dans leur genre : Larry Cartlon est respecté dans le milieu du Jazz, Steve Lukather dans celui du Rock et chacun est passé maître dans la fusion de ces deux courants musicaux. Ajoutez à cela que ces messieurs possèdent en Live un feeling incroyable et que la jam est reine tout au long de ces 5 titres, et le reste de cet écrit n’est plus que formalité, l’évidence parlant d’elle-même : vous devez posséder cet album !
Quand l’élève rencontre le maître : Voilà comment peut débuter cette histoire. Celle d’un Lukather tout jeune, bouleversé par le solo de Larry Carlton sur le "Kid Charlemagne" de Steely Dan. Ce fut pour Luke une révélation à l’égal de la découverte d’Hendrix : Larry Carlton savait jouer le Rock avec la fluidité d’un joueur de Be Bop. Bien qu’ils soient rapidement devenus amis, ce n’est qu’en 2001 qu’ils immortalisent leur collaboration le temps d’une tournée, dont est extrait ce "No Substitutions" d’anthologie.
A tout seigneur tout honneur, sur les cinq titres présents ici, trois sont signés de Carlton. "Don’t Give Up" tout d’abord, au tempo enlevé et aux riffs jazzy. Assez court, son propos en gagne en unité et les interventions de chacun sont lumineuses. La seconde, "Only Yesterday", possède une ambiance très feutrée de par sa quasi-absence de rythmique. Lukather côté droit fait pleurer sa Musicman comme jamais, et Carlton côté gauche fait jaillir le jazz de sa Gibson, se la jouant minimaliste avec une grande classe. Le troisième et dernier bijou du maître est ce "Room 335", un hit de seulement 5 minutes mais qui clôt le concert dans la bonne humeur.
Luke apporte quant à lui un "The Pump" pachydermique du maître Jeff Beck (titre d’ailleurs composé par son ami Simon Phillips), et une version unique du "All Blues" de Davis, qui pourrait paraître long pour les non-initiés. Chaque titre, joué ici devant un public conquis d’avance, laisse part à de longues improvisations, les unes façon jazz épuré, les autres façons Blues/Rock Jazzy parfois très électrique. Et quand les deux fusionnent sous la rythmique exceptionnelle de Bissonette et Chris Kent, on en prend plein les oreilles (et les mirettes pour la version DVD). Entre moments de grâce au touché magique et délicat, et furie à faire pâlir les meilleurs shredeurs, cet album ne vous laisse aucun répit et vous entraîne tout droit dans cette salle obscure du Blue Note, un beau jour de Novembre 1998, entouré de Japonais ébahis.
La version DVD, captée au New Morning de Paris, contient en plus le "Red House" de Hendrix (chanté par Luke), et "Put It Where You Want It" de Carlton également. Le groupe derrière étant différent et la jam demeurant reine, posséder les deux n’est pas de trop !
Après ce tour de gratte, un peu gavé d’une longue exploration du genre, Luke avouera souhaiter s’éloigner un peu (mais jamais bien loin) de ce Jazz Rock auquel il a tant apporté, mais cette tournée là restera pour les fans du genre un moment inoubliable que cet album immortalise avec brio.