Ok la pochette est crade. Ok elle ne donne pas envie ou tout du moins pas à des non-adeptes du genre death-grind… Ok mais elle ne doit pas pour autant faire fuir l’amateur de death mélodique que vous êtes, oui, vous derrière l’écran !
Formé en 2007, responsable d’un EP l’année suivante, Allegaeon ne plaisante pas comme en témoigne son premier opus sans concession qui vous attrape à la gorge dès les premières notes de "The Cleansing". "Fragments Of Form And Function" est un véritable pavé de mélodeath, ahurissant de technicité au point que ça pourrait en être assourdissant pour le non-initié. Mais l’amateur averti saura relever le potentiel qui semble illimité du combo.
Pour autant, le verdict de cet opus ne s’impose pas comme une évidence bien au contraire… Si à chaque contact, le résultat sur l’auditeur aguerri est immédiat et sonne comme une évidence, le jugement à long terme est loin d’être aussi tranché ! Loin des oreilles, loin du cœur. Si sous l’assaut incessant de notes et de hurlements, notre jugement est clairement altéré au point de ne pouvoir se prononcer objectivement sur la véritable teneur de l’ensemble, une fois le tourbillon passé, l’auditeur sera en droit de se demander ce que le combo nous a proposé de réellement novateur et/ou enthousiasmant au point d’y revenir immédiatement ? Clairement ? Rien ! Si chaque titre est une agression technique, avec le recul, "Fragments Of Form And Function" laisse une impression de déjà-entendu, que ce soit des compos mélodeath à la limite du metalcore pouvant rappeler In Flames, des soli lorgnant du côté d’Into Eternity (pour les soli étourdissants à la limite de l’abrutissant), qu’au niveau vocal avec une tessiture proche de Devin Townsend.
A cet égard, faut-il voir au travers de titres comme "Biomech – Vals N°. 666" (remarquable pour son improbable final acoustique) ou "Accelerated Evolution" une quelconque vénération du travail de Devin Townsend ? En tous cas, ne vous y méprenez pas, la démarche des natifs du Colorado est somme toute très éloignée de celle du Canadien en solo voire même avec Strapping Young Lad.
Dans ce tourbillon, nous soulignerons l’improbable final acoustique de "Biomech – Vals N°. 666".
En bref, le potentiel décelé sur ce premier opus semble immense, mais il faut laisser du temps au temps pour que le combo gagne en maturité, en personnalité pour nous proposer un album qui pourrait bien secouer la scène death-mélodique-technique et ainsi bouleverser la hiérarchie de ladite scène.