Pour ce quatrième album du groupe Hydrogyn, force est de constater que la promotion de ce dernier met un peu moins l’accent sur les avantages physiques de Julie Westlake, sa chanteuse, que par le passé. On a tout de même le droit - la tentation marketing devait être trop forte - à une photo de la donzelle sur la pochette. Sur celle-ci, elle semble plus soucieuse d’attirer l’attention de son auditoire sur l’essence même de son Art, à savoir ses performances vocales que sur ses capacités pulmonaires. Le groupe a peut être décidé de s’acheter une virginité et une crédibilité en se recentrant un peu sur des aspects purement artistiques, ce dont on ne peut que se réjouir, tant l’idée d’avoir à supporter l’écoute d’un disque aussi fade que "Deadly Passion" était de nature à rendre l’idée de s’automutiler les oreilles de manière préventive comme une alternative tout à fait envisageable.
L’arrivée de James Lomenzo à la basse (ex Megadeth, White Lion, Slash…), et la participation de Doug Pinnick (King's X) sur un titre, ne font que renforcer l’apriori positif qui accompagne ce disque. La contribution, largement mise en avant, de Michael Wagener est aussi de nature à rassurer, et ce même si celui-ci n’est en fait sorti de sa retraite que pour co-participer à la production et au mixage du seul "Right Thing Now".
Las, dès l’écoute de "Lost Reality", le premier titre, les espoirs s’évaporent. Difficile en effet, d’imaginer chanson plus pénible et stérile que cela : des riffs bateaux, un son désagréable, des vocaux sans aucune musicalité, et des répétitions totalement inutiles. Toutefois, très rapidement le disque laisse apparaître sa qualité majeure : son extraordinaire homogénéité.
En effet, s'il débute par un titre pénible, il enchaîne rapidement sur des titres mauvais, pour déboucher très logiquement sur des morceaux sans intérêt. La chanteuse sonne souvent faux et est dénuée de toute émotion tout comme les beuglements masculins et growl qui l’accompagnent parfois. Les compositions sont au surplus rendues difficilement supportables par une interprétation sans âme ni finesse, ne permettant à aucun musicien de tirer son épingle du jeu.
Dans un style lorgnant mollement vers un Heavy Metal moderne, le groupe assène donc 10 titres qui, non content d’être quelconques, sont majoritairement désagréables. Il n’y a guère que le déjà cité "Right Thing Now", un morceau de Pop Rock énergique et le refrain de "Alone" qui puissent trouver grâce à mes yeux. A la rigueur, peut être mentionné "Candles Light Your Face" qui renvoie à la mode des groupes à chanteuses gothiques / classiques et qui est bien interprété. Mais celui-ci, déjà présent sur leur précédent album, n’est qu’un bonus.
Car en effet, comme notre châtiment ne semblait pas suffisant, le groupe a jugé bon d’ajouter 3 bonus, dont une reprise si calamiteuse du "Assault Attack" de MSG, que l’on a bien du mal à retrouver l’original. Pour mémoire, le groupe est abonné aux reprises puisqu’il avait déjà repris le tube "You Oughta Know" de Alanis Morissette, et le "Back In Black" d’AC/DC sur ses précédents albums. Le désastre est tel, que l’on en vient à regretter que cette formation n’ait pas une fois de plus tablé à fond sur les seuls atouts de sa chanteuse, sa plastique.
Mais la sortie de ce disque réserve toutefois un grand moment de surréalisme propre à nous rendre de bonne humeur. Lors d’une interview, Julie Westlake expliqua les raisons pour lesquelles Jeff Young (ex Megadeth, décidément le monde est petit) avait quitté Hydrogyn avant la sortie de ce disque. Elle déclara alors : il amena 3 chansons pour l’album. Je n’étais pas satisfaite,[…] je ne souhaitais pas qu’elles paraissent sur ce disque parce que pour moi elles n’étaient pas assez bonnes !!! Une telle déclaration a de quoi laisser sans voix. Si ces titres n’étaient même pas dignes d’apparaître sur ce "Judgement", il faut rapidement que la science se penche dessus, car les limites de l’entendement viennent d’être repoussées. A moins que la malheureuse, en plus d’être une mauvaise compositrice et une chanteuse moyenne, ait également un mauvais jugement…