Trio féminin nous venant tout droit du Japon, Ars Nova nous propose avec ce Biogenesis Project son sixième album en un peu plus de 10 ans. Si le concept choisi est bien loin d'être révolutionnaire, et même assez susceptible de passer inaperçu, il est clair cependant que cet album est une réussite qui devrait en particulier plaire à tous les amateurs d'Ayreon.
Et cela n'est guère surprenant car les trois demoiselles se sont entourées pour cet album d'une pléiade d'invités prestigieux, dont justement le fameux Arjen Anthony Lucassen que l'on ne présente plus.
Le résultat est à la hauteur des espérances, c'est-à-dire d'une grande qualité, même si l'album en lui-même est classique par bien des aspects : l'histoire est racontée par le biais d'un narrateur, à l'image d'un Electric Castle d'Ayreon, les compositions alternent riffs sauvages, envolées lyriques progressives et claviers assez pompeux mais traduisant parfaitement l'ambiance naturellement associée au concept, vu et revu (en schématisant : la terre est sur le déclin, surpeuplée, polluée, et l'humanité cherche une solution par le biais de la manipulation génétique, etc, etc…)
Mais l'ensemble n'est pas exempt de petites surprises qui sortent des sentiers battus et permettent de s'écarter de temps en temps de la référence permanente à Ayreon. Ainsi, l'utilisation de dissonances lors de l'introduction amène encore plus d'intensité dramatique, tandis que l'introduction dans la musique classique ("Humanoid's Breakfast" exploitant avec talent la mélodie de la "mort d'Ase" du Peer Gynt d'Edvard Grieg) est surprenante mais très maîtrisée. De même, quelques expérimentations ne sont pas sans rappeler les délires suédois d'un A.C.T. ou d'un Flower Kings.
Enfin, des compositions telles "Trust To The Future" ou "Escape" ne peuvent laisser indifférent, même si l'on peut reprocher à Alex Brunori un style de chant parfois à la limite du supportable.
Avec ce Biogenesis Project, Ars Nova nous plonge donc dans un univers oppressant, tout en nous proposant un album extrêmement abouti auquel les amateurs de métal progressif ne devraient pas rester insensibles.