Musicien espagnol né en Allemagne, José Carballido est un guitariste touche à tout, œuvrant aussi bien dans des groupes de rock symphonique (Mizar) qu'au sein d'un quartet spécialisé dans les reprises d'Astor Piazolla, ou encore dans un trio de musique baroque. Actuellement membre d'un groupe de hard-rock, il nous propose avec ce Requiem une œuvre ambitieuse mêlant la grandiloquence de la musique classique à la puissance du métal.
Avec un tel titre d'album, l'auditeur s'attend à certains passages obligés, la présence de chœurs majestueux en étant un et non des moindres. Et sur ce sujet, nous allons être servis, puisque l'assemblage de choristes sur quatre pupitres va nous accompagner tout du long des 93 minutes de l'œuvre, apportant la dimension symphonique appropriée à ce genre de réalisation.
En revanche, point d'orchestre ou de claviers symphoniques pour les accompagner, mais plutôt un groupe très électrique, œuvrant la plupart du temps dans un registre métallique décliné au moyen de guitares tranchantes et d'une batterie épileptique, l'utilisation de la flûte traversière sous forme de saillies ne venant guère adoucir le propos.
Tout cet assemblage se retrouve au service d'une musique complexe, faite de rythmiques changeantes, d'harmonies contemporaines fortement dissonantes, de mélodies que la mémoire auditive aura du mal à accrocher, et installant une tension permanente, peu propice au repos des neurones. La virtuosité des différents musiciens est d'ailleurs à souligner, tant la mise en place d'une telle musique doit être compliquée.
Pour faire court, nous pourrions comparer l'ensemble à du M.I.O. (Metal In Opposition – marque déposée à l'instant par votre serviteur), ou encore à du métal-prog contemporain, étant au progressif traditionnel ce que Boulez ou Stockhausen sont à Mozart. L'amateur d'accords à la quinte ou à l'octave peut passer son chemin, de même que l'adepte de rythmiques carrées.
Mais, pour être complet dans cette description, il est indispensable de parler du soliste, le chanteur qui tient à bout de bras une telle œuvre, rôle déchu au compositeur lui-même. José Carballido tient ainsi le rôle principal, nous submergeant de passages vocaux qui confinent parfois au bavardage. Passons encore sur son timbre particulier et son vibrato irritant, le principal problème réside dans le mixage très en avant des parties chantées, au point de reléguer très loin dans le spectre sonore les guitares et leurs riffs, sans parler de la basse complètement inaudible, la batterie et la flûte étant les seules à tirer leur épingle du jeu.
Du coup, on en vient à attendre avec impatience les parties instrumentales, qui laissent alors entrevoir un potentiel plus qu'intéressant… hélas vite remisé au placard dès lors que le verbiage quasi-incessant reprend ses droits. De plus, comme certaines "mélodies" semblent totalement déconnectées de l'accompagnement instrumental (Noche de la Muerte ou Al Despertar par exemple) et que notre artiste possède une tendance à chanter faux dans les aigus, le mets finit par devenir de plus en plus indigeste au fur et à mesure que l'on progresse au long des deux CD.
Œuvre monumentale par sa durée et par son ambition, ce Requiem se révèle d'un accès très difficile et n'est sans doute pas à mettre entre toutes les oreilles. Malgré cela, quelques écoutes permettent de s'immerger petit à petit dans cet univers si particulier… à condition d'en supporter les parties vocales, ce que personnellement j'ai eu beaucoup de mal à faire, et que seule ma conscience de chroniqueur m'a permis de surmonter, pour au final n'en retirer que peu de plaisir.