Chers métalleux, si l'on vous dit Tampa, vous répondez ?... Bien sûr, Cannibal Corpse, Obituary, Deicide, Six Feet Under et consorts. Bref, vous répondez bon gros death métal qui tâche. Et si nous évoquons Tampa en Floride, c'est parce que The Absence est également originaire de ce haut lieu de pèlerinage et de productions musicales. Cependant, n'allez pas croire que The Absence a décidé d'emboîter le pas de ses aînés. En effet, hormis leur lieu d'origine, et peut-être les dreadlocks de Peter Joseph qui ne sont pas sans rappeler celles de Chris Barnes (Six Feet Under), la musique pratiquée par The Absence est à cent lieues du bon gros death métal made in Tampa.
Avec son troisième album, "Enemy Unbound", le groupe américain nous délivre un death mélodique de haute volée, qui lorgnerait plutôt vers la scène suédoise. Et à l'écoute de ce disque, une première chose s'impose à nos oreilles: The Absence est composée d'excellents musiciens dont une paire de guitaristes, Peter Joseph et Patrick Pintavalle, qui n'a rien à envier aux guitar-heroes. Il suffit de se laisser porter par l'introductif "Vertigo", l'interlude "Solace" et le début du final "Triumph" (*) pour s'en laisser convaincre. Si vous êtes un tant soit peu sensible aux jeux de guitare, ce disque vous tend fort les bras. En effet, The Absence c'est un death métal accessible au plus grand nombre, avec des riffs inspirés, des breaks mélodiques rutilants et des soli de guitares chatoyants. Les plans de six-cordes sont d'une incroyable efficacité mélodique. Certaines compositions, de ce point d'écoute, sont même carrément jubilatoires ("Erased", "Deepest Wound" ou "Maelstrom").
Cet album a incontestablement tout pour plaire. Sauf que tout n'est pas parfait. On aura beau se le repasser en boucle, la même sensation reparaît invariablement. Sur la longueur "Enemy Unbound" s'avère malheureusement quelque peu monotone. C'est surtout un problème de forme. En effet, si les compositions sont dans le fond toutes différentes les unes des autres, elles sont, exception faîte des trois instrumentaux, malheureusement construites sur les mêmes bases et ne varient guère dans leurs intentions. "Enemy Unbound" nous installe dans un fort et très joli climat d'écoute mais au confort certainement trop douillet. Il faut dire aussi que le chant monocorde et sans relief de Jamies Stewart n'aide pas non plus à effacer cette regrettable impression de monotonie.
"Enemy Unbound" est le genre d'albums dont on aimerait tant faire des éloges. Un disque qu'on a vraiment envie de défendre bec et ongles pour ses incontestables qualités musicales et pour l'indéniable plaisir d'écoute procuré. Mais il faut toujours être honnête, et force est de reconnaître que ce disque, pour aussi plaisant qu'il soit, manque cruellement d'une once de folie, d'une légère prise de risque et du petit plus qui font les grands albums. Et c'est vraiment rageant, compte tenu de la grande qualité des compositions de "Enemy Unbound" et du talent des instrumentistes de The Absence. Surtout en comparaison du nombre pléthorique de productions et de groupes qui ne leur arrivent même pas à la cheville. Oui, c'est vraiment dommage...
(*) Avec ses 11'58 minutes, le titre "Triumph" ne dure en fait que 2'01 minutes et est suivi par près de 8 minutes de silence avant de se conclure par 1 minute de guitares acoustiques.