1996: nouvel album studio de Parsons en solo. Une édition limitée proposera l'adjonction d'un CD-ROM multimédia, permettant de découvrir quelques bonus sous forme de paroles, discographie du "Project", histoire(s) de l'aventure aérienne. Galette qui serait aujourd'hui sans intérêt, au regard du vivier de l'internet. A l'époque, quelques artistes musicaux se sont essayés à cette expérience "multimédia" estimée comme avant-gardiste. La jaquette de cet opus présente une montgolfière (au recto), à l'allure d'une ampoule électrique: métaphore conceptuelle, cette idée de "l'idée" est-elle judicieusement exploitée ? De fait, l'album se veut proche de l'histoire de la conquête du ciel et de son aventure humaine: ainsi, le booklet est parsemé d'une myriade de montgolfières multicolores, et le boîtier est ornementé (intérieur et extérieur) d'une série d'engins plus ou moins ailés, du plus ancien au plus récent, du plus étrange au plus conventionnel. Alors, sommes-nous en présence d'un album concept ?
L'illusion prend fin dès la première écoute, même si le filon conceptuel est effectivement exploité à travers les paroles. La musique d' On Air n'a rien d'indivisible: ni dans son style, ni dans son édifice. Les morceaux se suivent, collés les uns aux autres, sans que l'ordre chronologique ne paraisse immuable. Tout au plus, l'album est-il encadré par la ritournelle de Blue Blue Sky -aérienne, en effet-, ouvrant et refermant la galette.
Cette fois cependant, la production semble un peu plus soignée que lors de la précédente aventure - malgré quelques fautes de goût (erreurs de style, dirons-nous de manière plus académique) et des choix musicaux inadaptés. Mais on peut dégager une certaine unité: ainsi, les frères jumeaux Blue Blue Sky donnent le ton avec lequel la plupart des titres se montrent en harmonie: Too Close To The Sun, Blown By The Wind, Brother Up In Heaven, So Far Away, One Day To Fly, et à moindre mesure Cloudbreak. Aucun titre "phare" ne se distingue réellement, mais tous ou presque s'écoutent avec plaisir, et placent l'album sous le signe d'une rêverie reposante et méditative... planante et aérienne, diront les auditeurs les plus conquis, si l'on estime que l'album est à la hauteur de ce qu'il souhaite évoquer. Les sonorités sont ciselées jusqu'à la perfection, comme à l'accoutumée avec Alan Parsons; nous sommes en présence d'un rock (opportunément) atmosphérique, sans aucune aspérité, mais dénué de toute envolée progressive ou symphonique. A l'exception d'une très brève incursion, à la 5ème minute de One Day To Fly, qui nous remémore la grandeur musicale du "Project" au travers d'une belle partition de cuivres.
Au rang des moins désirables, citons I Can't Look Down (c'est l'équivalent de I'm Talkin' To You sur le précédent Try...), Fall Free qui est bien tiède en dépit de ses louanges à la liberté, et du côté des égarés, notons pour le moins la plage n°8, Apollo, à l'habillage new-age/électro: un instrumental puissamment armé, rappelant les saveurs rythmiques et sonores de Lucifer (Eve) ou de Mammagamma (Eye In The Sky), -et au passage, emportant avec lui un extrait d'un discours de John Kennedy, habilement intégré- mais qui n'a pas vraiment sa place ici. Ou alors, il aurait fallu débuter avec cela, comme Eve l'avait fait avec Lucifer, afin d'assurer une mise en exergue à la mesure de la performance. En l'état, on se dit que cet Apollo aurait eu bien meilleur crédit sur le Valid Path à venir, et aurait pu être avantageusement remplacé par Wine From The Water, dans le ton de On Air, si ce morceau avait pu se libérer du carcan de Try Anything Once.
En résumé, la cohérence reste perfectible. Malgré tout, On Air est moins "sec" que Try Anything Once, plus généreux musicalement, et les prestations vocales y sont mieux réussies. Un album honorable qui réhabilite un peu les talents du nouveau "Parsons team".