Cinq lettres en majuscule séparées par un point, comme si chacune d’elle reflétait un mot bien précis. Peut-être que l’avenir sera plus bavard sur ce propos, mais pour l’instant F.E.A.S.T. est tout simplement le nom du groupe de Fabri Kiareli, multi-instrumentiste transalpin qui rôde dans le monde du hard rock depuis les années quatre-vingt. Nouveau venu sur le label Avenue Of Allies, F.E.A.S.T. débarque avec son premier album "Rise".
Fabri Kiareli s’est chargé quasiment de tout sur cet opus. De l’écriture des morceaux en passant par la production, ce talentueux frontman a eu la bonne idée d’engager un vrai batteur plutôt que de recourir à de la programmation pour obtenir un groove digne de ce nom. Grand bien lui en fasse car le Hard Rock pratiqué par F.E.A.S.T. revisite une grande partie des années quatre-vingt, époque où les charts US ne juraient que par des formations aussi tatouées que chevelues.
"Rise" se veut par conséquent un digne représentant de cette vertueuse décennie d’où émergèrent des formations comme Dokken, Great White, Mötley Crüe ou White Lion. L’âge d’or du Hard Rock mélodique qui savait faire rimer albums de platine avec spectacles haut en en couleur. F.E.A.S.T s’en inspire sans le moindre complexe avec néanmoins une approche et une interprétation assez brute reposant davantage sur un gros son de guitare que sur de légères notes de claviers, à l’exception de "Feed The Hunger", titre le plus FM parmi les treize présentés sur cette première production.
Voici donc un album bien rempli qui affiche au compteur plus de soixante-dix minutes de musique capable d’intéresser les aficionados d’un Hard Rock accessible tout en restant fidèle à ses préceptes originels. De la variation, il y en a sur "Rise". Fabri Kiareli s’impose comme un guitariste de tout premier plan. Fin stratège en solo et très efficace en rythmique, le gaillard ne semble nullement impressionnable mais plutôt reconnaissant face à une palette d’influences qui évoque aussi bien Ace Frehley que Matthias Jabs.
F.E.A.S.T. oriente ses arguments en passant par quelques formats power ballade fort bien construits sur des fondations Scorpionnesques à des titres nettement plus bluesy inspirés notamment par Whitesnake. Mais la force de ce groupe à part entière (Fabri a recruté un bassiste et un claviériste en vue de futures tournées en Italie) repose avant tout sur des compositions relativement longues mais ne tombant jamais dans la guimauve et surtout toujours en phase avec les profondes convictions de leur géniteur. Fabri Kiareli sait ce qu’il veut et cherche bien plus à se faire un nom qu’un simple prénom.
Alors même si la prise de risque est proche du néant, "Rise" se fait porteur de beaucoup plus de qualités que de défauts. Une maîtrise instrumentale omniprésente, une voix qui convient parfaitement au créneau mis en évidence (avec toutefois quelques irritations sur les aiguës) et surtout une accroche pourtant des plus évidentes dès la première écoute, mais qui perdure au fil du temps. C’est de bon augure pour un premier album mené de main de maître par un musicien qui fera forcément parler de lui dans un futur assez proche. D’ailleurs, la photo de la pochette représentant ce nouveau-né porté en toute sécurité dans ces bras rassurants annonce que la relève du Hard Rock mélodique en provenance d'Europe mais lorgnant vers les Etats-Unis est à prendre très au sérieux.