Christian Liljegren, ex-chanteur de Narnia (aujourd'hui dans Audiovision et Divinefire) qui a fondé sa propre maison de disques il y a maintenant dix ans, nous propose encore un nouveau projet dans lequel il apparaît comme chanteur ! Toujours avide de nouvelle collaboration, Liljegren a composé cet album avec le jeune prodige Tommy Johansson, guitariste, chanteur et même claviériste du groupe de power métal mélodique ReinXeed, déjà signé sur Liljegren Records. Là où Divinefire peut virer au métal extrême à côté de ses éléments symphoniques, avec une emphase sur les rythmes très rapides, "Glory To My King" se rapprocherait plus de Narnia et d'Audiovision, ou encore de ReinXeed. L'album est volontairement très typé métal néoclassique à la façon de ce que pouvait faire Yngwie Malmsteen à ses débuts et même encore plus tard, avec notamment une touche particulière: ces chœurs assez présents réalisés par Liljegren et Johansson.
De fait, l'album n'est guère original. Est-ce qu'il faut pour autant ne pas s'y intéresser ? Non, car finalement l'inspiration mélodique est là et le talent des instrumentistes fait la différence. D'accord, il y a eu des tonnes d'albums de ce type mais celui-ci a l'avantage de bénéficier d'un chanteur talentueux dont la voix medium, assez claire le plus souvent mais aussi profonde et virile, se prête vraiment bien à ce style de musique.. On retrouve tout le talent dont Liljegren faisait preuve dans Narnia, et sans les inutiles excès de trop de chanteurs de métal. Les couplets et les refrains sont réellement accrocheurs, même s’ils peuvent avoir un air de déjà-entendu. Beaucoup peuvent s'entonner comme de véritables hymnes, mis en valeur par des chœurs réussis. Parmi les plus réussis, on peut citer "Never Look Back", par exemple.
Et puis Tommy Johansson est vraiment excellent. Là encore, l'influence de la musique classique traditionnelle façon Bach, Haendel et Vivaldi est évidente, mais ce jeune homme n'est pas un sous-Yngwie dont il possède une sonorité assez distincte. Ses soli sont bien construits, très mélodiques et assez précis, là où d'autres se contentent de jouer des gammes et des improvisations échevelées sans beaucoup de structure. Ceci étant, Johansson n'accapare pas non plus l'attention et les morceaux sont relativement concis et laissent de la place aux claviers (dont il joue également !). Olav Andersson, également claviériste dans Audiovision, n'est pas un manchot non plus, loin s'en faut. Les textures assez classiques (tourbillonnantes façon moog, chœurs, violons) sont parfois remplacées par d'autres très modernes, comme sur "Gods Grand Hotel" et notre homme se déchaîne sur quelques soli assez impressionnants. Sur le trop court final symphonique "My Creation", il est d'ailleurs le principal intervenant. Sa contribution aurait pu être plus importante pour des introductions ou des ponts mélodiques.
Les points négatifs maintenant: dommage d'avoir mis presque uniquement des morceaux rapides, voire très rapides sur cet album ! Tout juste y a-t-il 3 tempos moyens ou plutôt devrait-on dire peu rapides. Le plus long "Proud To Wear The Holy Cross" possède une première partie presque lente, mais cela reste un titre assez puissant. L'album ne laisse que très peu de répit à l'auditeur, répit qui aurait pu se présenter sous la forme d'une ballade ou deux, d'un morceau vraiment lent, de quelques éléments progressifs sous forme de breaks atmosphériques, par exemple. Un véritable instrumental aurait pu également donner une variété qui manque cruellement à l'ensemble, surtout que l'album est assez court selon les standards actuels (mais le pressage japonais possède un titre en plus). Néanmoins, à ce sujet, mieux vaut avoir 9 bons morceaux plutôt que du remplissage. Et ici, il n'y a aucun morceau faiblard, c'est déjà ça.
Question production, c'est du beau boulot. On entend bien les claviers, et même la basse n'est pas noyée (même si relativement peu mise en avant). Le son est relativement équilibré, clair et propre, avec une dose raisonnable de réverbe sur la voix, ce qui permet de la mettre bien en valeur.
Au final, un album tout à fait digne d'intérêt si vous n'êtes pas blasé par le métal néoclassique. C'est l'occasion de découvrir un très bon cru du genre en question, dont les atouts principaux sont le chanteur et le guitariste, tous deux bien au-dessus de la moyenne. Espérons que le groupe ajoutera dans sa prochaine production les ingrédients manquant à ce premier opus afin de passer au niveau supérieur.