Attention, nouvelle épopée "Génésienne" ! (épicée Yes…) Une voix rappelant celles de Phil Collins et de Peter Gabriel, dans les seventies, à s’y méprendre. Les claviers de Tony Banks. Des sonorités et des envolées épiques à la Trespass, Nursery Cryme et autre Foxtrot, jusqu'à Wind And Wuthering, ou A Trick Of The Tail, plus "lissés". De ravageuses tirades de guitares, et d’incessants changements de directions quant aux feelings auditifs, comme savaient si bien faire les longues réflexions musicales du dinosaure Genesis (Supper’s Ready ou Cinema Show, pour n'en citer que deux).
Alors bien sûr, les deux principaux artisans de cette nouvelle… "genèse", le guitariste Roine Stolt et le chanteur Nad Sylvan, n’entendent sûrement pas tomber dans le plagiat, et sont certainement conscients par ailleurs qu’il apparaît très improbable, qualitativement parlant, d’aller au-delà des monuments musicaux déjà écrits par les modèles du genre, fin des années 60 et dans le courant de la très progressive décennie 70.
De fait, Dramarama revendique une identité propre, moderniste, que l’on peut déchiffrer au travers de tendances davantage néo-progressives (Meet Johnnie Walker ou The Ballad Of Mary Chilton), ou de partitions de piano "assez conventionnelles" (Last Few Grains Of Hope, Time), pour pouvoir se prétendre transversal à la prog’ des seventies. Mais, incontestablement, c'est la même cuvée. Qu'importe, et même tant mieux, puisque c'est un cru savoureux !
Un coup de cœur à signaler, en particulier ? Oui, The Duke Of Sadness, ouvrant le programme de belle manière, est une savante alchimie qui mérite bien le titre de "Masterpiece". Il donne le ton immédiatement, et ne sera pas trahi par la suite. Le timbre sonore ne ment pas. Même si, par ailleurs, aucun des morceaux ne s’aventure au-delà des dix minutes, tous ou presque sont orientés vers un formatage de musique progressive, les durées dépassant les 5 minutes pour plus de la moitié, et la substance des titres se voulant épique ou ésotérique.
Instrumentation variée et puissante, "symphonique" dans sa logique, innombrables subtilités sonores, chœurs en arrière-plans, omniprésence des guitares électriques, de "vieux" synthés et de percussions endiablées, autant d’ingrédients qui font de Dramarama un parcours haut en couleurs, s’écoutant d’un seul trait, et qui paraît s’achever trop rapidement en dépit de ses 12 plages totalisant 72 minutes !
Dommage que la ligne mélodique ne soit pas toujours soutenue (de bonnes idées, mais parfois insuffisamment développées), et que l’album n’affiche pas réellement de prédominance dans telle ou telle thématique évocatrice. Difficile de repérer d’éventuels points culminants d’un côté ou d’un autre: pas d’excès de psychédélisme, d’introspection spirituelle ténébreuse ou au contraire de grande évasion romantique. Mais surtout, ne vous y trompez pas: c’est du rock progressif, du vrai de vrai ! Ici, point de pollution "pop" ou de toute autre nature. Ne peut-on pas qualifier cela d'événement ?