Il existe deux manières d’aborder ce galop d’essai de System Divide. Soit les voix féminines vous intéressent (et la plastique qui va – souvent – avec, aussi), vous avez vu de la lumière, celle qu’irradie la chanteuse Miri Milman et vous êtes entré. Soit, ce sont les grognements de bête en rut (ceux de Sven, d’Aborted tout de même) et la grosse patte du Death Metal biberonné à ce que l'on nomme le Metalcore qui vous ont amené ici.
Dans un cas comme dans l’autre, une certaine (et relative) déception risque de se profiler au bout du chemin car The Conscious Sedation aura en fait bien du mal à trouver son public et à contenter tout le monde. Certains le jugeront trop brutal (les premiers), les autres regretteront ce chant féminin qui grève la violence de l’ensemble (les seconds).
Pourtant, c’est dans cette combinaison, certes encore maladroite, que réside la principale, pour ne pas dire unique, originalité (et raison d’être ?) de ce projet né en 2008 aux Etats-Unis mais regroupant aussi bien des musiciens belges qu'israéliens. Bien entendu vous me direz que marier voix de sirène et vociférations de cochons qu’on égorge n’est pas nouveau. Les groupes de Gothic Doom des années 90 n’ont pas attendu System Divide pour le faire. Sauf que ce dernier ne braconne absolument pas sur ces terres mélancoliques trop lessivées depuis longtemps par l’érosion d'un intérêt qui s'est envolé, et reste en réalité foncièrement méchant à la base, les tubulures extrêmes faisant plus qu’affleurer à la surface d’un métal moderne qui abat le petit bois, comme peuvent l’illustrer les velus "Vagaries Of Perception", "Echoes" ou "Repentiforget".
C’est donc du brutal, les interventions de la charmante Miri (ex Distorted et Orphaned Land) se réduisant le plus souvent à quelques couplets, hormis sur "Hollow" où la belle mène le bal, surgissant qui plus est souvent de manière par trop mécanique. La mayonnaise a du mal à prendre.
Au final, l’impression de deux mondes qui se chevauchent sans se pénétrer réellement domine tout du long d’un album néanmoins bien fait, qui s’enfile comme une bonne mousse sans pour autant laisser les profonds stigmates dans la peau que beaucoup attendaient. Les titres s’enchaînent à la vitesse d’un torrent en cru, déchirent les cages à miel, souvent pour le meilleur (ce "(N)ether" plus élaboré et doté d’un final envoûtant et atmosphérique qui réussit la synthèse entre puissance rustre et envolée mélodique), plus rarement pour le pire ("Stagnant Progression" inutilement long bien que pas inintéressant) faisant de The Conscious Sedation une réussite modeste mais honorable.
Il ne reste plus qu’à System Divide à trouver plus de liant entre les deux univers lui servant de matrice. Saura-t-il pour autant la trouver ou bien sera-t-il condamné à laisser l’un des deux l’emporter sur l’autre ? La marge de manœuvre est mince si le groupe veut conserver son identité…