L'Amérique du sud (au sens large du terme), nous le savions déjà, est une terre fertile pour le rock néo-progressif à tendance symphonique et ce nouvel opus d'Anima Mundi prouve que Cuba peut être associé à cette culture latine de la musique généreuse. Avec Jagannath Orbit en 2008, Anima Mundi avait confirmé que son coup d'essai (Septentrion) n'était pas un trait de génie sans lendemain. Faire mieux avec ce troisième album est donc un difficile challenge que le combo cubain se devait de réussir. Challenge réussi ? C'est ce que nous allons déterminer maintenant. Suivez-moi, je vous montre The Way...
Ambiance "2001, l'Odyssée de l'espace" (ou "La guerre des étoiles" pour les plus jeunes) pour l'intro de "Time To Understand" avec une musique symphonique chargée de suspens qui va rapidement exploser dans un déferlement de claviers et de soli de guitare entremêlés. Construit comme une œuvre classique avec ses alternances de mouvements forts et de passages plus intimistes, le titre étire ses 14 minutes sans aucune faiblesse. Qu'elle soit festive ou poignante, chaque portion de cette composition est riche en sonorités et en mélodies qui font voyager jusqu'à ce solo final à la guitare, beau à pleurer, dont on ne sort pas indemne.
Si vous vouliez un petit moment de répit, c'est trop tard, car déjà un son de hautbois qui fait penser au "Boléro" de Ravel annonce le plat de résistance de l'album : "Spring Knocks On The Door Of Men" et ses 26"32. Une fois encore la musique se fait symphonique et l'on peut évoquer Renaissance un peu après la huitième minute alors que vers la onzième, on entend Mike Oldfield. Le chant, qui est correct sans être un point fort du groupe, prend dans ce morceau des intonations Hogarthiennes aussi agréables que surprenantes. Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce titre qui va de rebondissement en rebondissement sans que s’en voit la fin et pourtant, quand elle arrive cette fin, un seul mot vient à l'esprit: déjà ? Sur lequel les plus mordus pourront enchaîner: encore !!
Malheureusement nous avons consommé plus de 40 minutes du temps qui est imparti à ce CD et les deux dernières pistes vont se partager un peu plus de 17 minutes, seulement !
Mais même en 8 ou 9 minutes Anima Mundi sait faire vibrer l'auditoire. "Flying To The Sun" commence comme une chanson des Beatles mixée avec du Procol Harum, avec une pincée de Yes qui nous amène à un passage de grandes orgues. Et puis encore un solo de guitare et des nappes de claviers qui vont se transformer en une sorte de toccata inédite de Bach. Enfin, "Cosmic Man" et son atmosphère planante nous laisse espérer une période de calme nécessaire à reprendre un peu nos esprits... Mais ce serait bien mal connaître nos Cubains qui nous offrent pour final le pendant de l'intro, à savoir la bande originale avec orchestre (ne cherchez pas, il n'y en pas vraiment) de "La victoire des Forces du Bien sur le Coté Obscur".
Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas chroniqué un album aussi riche, que chaque écoute rend encore plus passionnant. Anima Mundi démontre que dans le monde du rock progressif symphonique, il existe encore des voies à explorer, il suffit d'un peu de génie et on trouve Le Chemin ! Plus qu'une recommandation, c'est une prescription que je fais à tous les mélomanes en manque de grandeurs musicales.