Si l'on en croit Mike Oldfield, c'est contraint et forcé par Virgin qu'il a donné le jour à Earth Moving, album ultra-commercial s'il en est. Dans le même état d'esprit, le génial Amarok serait une juste revanche contre cet opus qui aurait clairement pu mettre en danger sa carrière.
Que l'on croit à cette version des faits ou non, on est également obligé de constater que cet album est la suite somme toute logique de l'attrait grandissant de Mike Oldfield, depuis 1979, pour les chansons pop formatées pour des passages en radio.
Depuis Platinum et son "Sally", en passant par le "Moonlight Shadow" de Crises et le "To France" de Discovery, il était légitime de redouter un album entièrement pop et le désastre a fini par arriver.
Car ne mâchons pas nos mots : avec Earth Moving, il est légitime de parler de désastre.
Comme dans tous les styles musicaux, il existe de la pop music de très bonne qualité et Mike Oldfield aurait pu se positionner sur ce créneau. Mais au lieu de cela, la préférence est donnée à la mièvrerie et à l'absence totale d'imagination.
Même les thèmes abordés sont dignes de la collection Arlequin de la musique populaire : ses relations avec le fils qu'il a eu avec son ex-compagne Sally Cooper, la naissance de la fille qu'il a eue avec Anita Hegerland, etc…
Musicalement parlant, peut-on dire beaucoup à propos d'un tel vide ?
On se demande sérieusement à qui pourraient plaire de telles chansons. Il est évident que les fans de rock progressif ne peuvent y trouver leur compte, mais même dans les dingues du top 50 de n'importe quelle radio FM, rares ont dû être ceux qui auront accordé plus qu'une oreille distraite à des chansons trop racoleuses pour être honnêtes. Que ce soit "Holy", "Blue Night" ou "Innocent", on se prend à vérifier sur le CD si le gentil vendeur n'aurait pas fait une erreur en rangeant la galette dans le boîtier. Mais force est de constater qu'il s'agit bien là d'un album de Mike Oldfield, le grand, le génial, et donc l'inexcusable Mike Oldfield.
Le dilemme est donc extrêmement difficile : comment mettre une note à un tel objet ?
Des chansonnettes sans intérêt, sans imagination, sur des paroles peu inspirées basées sur des thèmes racoleurs, ça ne donne pas de point.
Alors on mettra un point parce que c'est bien produit et un autre parce que c'est Mike Oldfield. Et encore, ceux qui trouveront que c'est bien généreux auront sans doute raison.