Après cinq ans de silence, les Américains de Salem Hill nous reviennent avec leur nouvel album Pennies In The Karma Jar. Contrairement à leur précédent opus, Mimi's Magic Moment, constitué de quatre titres seulement, dont trois de plus de 15 minutes, Pennies In The Karma Jar affiche neuf titres, dont un seul dépasse les 10 minutes. Nouveau découpage, nouvelle orientation musicale ?
Il semblerait qu'effectivement le groupe ait abandonné ses velléités de longs développements instrumentaux pour revenir à un format beaucoup plus classique couplet (x2) / refrain (x2) / pont musical / couplet / refrain, et à un rock plus carré. Certains titres flirtent même avec une pop sucrée, pas déplaisante, mais plus proche du Sugar Baby Love des Rubettes, l'humour en moins, que de Dust In The Wind de Kansas, groupe auquel Salem Hill a souvent été comparé. Ainsi Carry Me, My Gift To You, Fine et This Lump sont des titres gentillets, un peu impersonnels et passéistes (on pense aux Beach Boys, aux Who, aux Beatles, aux Bee Gees, références plus qu'honorables en soi, mais en nettement moins réussi) et pour tout dire souffrant d'une certaine mollesse, comme si les musiciens (irréprochables par ailleurs) n'y croyaient pas. Des 5 premiers titres, seul Stormclouds In Wonderland est plus tonique, sorte de vieux hard rock des années 70.
Une première moitié d'album un peu laborieuse et très vintage.
Fort heureusement, tous ceux qui auront eu suffisamment de patience pour atteindre le sixième titre verront leurs efforts récompensés. Non pas que les quatre titres constituant la seconde partie du disque fassent partie de ceux qui marqueront de leur empreinte indélébile l'histoire du rock. Mais ils sont dotés d'un charme qui faisait défaut jusque là. What Did You Make Me est chanté par une voix trafiquée rappelant un peu certains titres de King Crimson et le break musical est plutôt agréable. Dommage que des "wap-a-dab" ridicules viennent gâcher le solo de guitare. The Horror Of Fearliness est un slow conventionnel, mais sympathique, et Glimpses déroule un crescendo des plus classiques mais à l'effet imparable.
Enfin, le meilleur morceau de l'album, et le seul qui puisse être qualifié de progressif, dure pour notre plus grand plaisir quatorze longues et savoureuses minutes. The Day Is Yours rappelle lui aussi les Beatles mâtinés de Spock's Beard période Neal Morse, mais cette fois, Salem Hill n'a pas à pâlir de cette comparaison : des mélodies inspirées, des changements de rythmes fréquents, un chant et des chœurs consistants et assumés, un long break instrumental enthousiasmant. Que du bon !
A l'écoute de ce titre, nous ne pouvons que regretter que Salem Hill n'ait pas su mieux exploiter leurs qualités évidentes sur le reste de l'album, s'avérant au final trop inégal pour sustenter l'auditeur affamé de bonne musique.